Pourquoi le marché des obligations est-il en baisse ? Est-ce qu’il s’agit d’une première historique que les obligations chutent en même temps que le marché des actions, et quels facteurs feront remonter les obligations ? – Richard Ayotte

Le recul que l’on observe dans le marché des obligations est directement lié à la forte hausse de l’inflation que l’on a enregistrée au cours des deux dernières années, laquelle a entraîné les hausses soutenues des taux d’intérêt que les banques centrales ont décrétées pour justement ralentir cette flambée de l’inflation.

Lorsque les taux d’intérêt augmentent, le rendement des obligations diminue, donc leur valeur. Si vous avez acheté une obligation du Canada ayant un terme de 5 ans à un taux de rendement de 3 % et que les taux augmentent à 6 %, la valeur de votre obligation baissera parce qu’elle a moins d’attrait dans le marché que les nouvelles obligations qui sont mises en circulation avec un taux de rendement plus élevé.

Cette baisse de valeur sera réalisée si vous vendez vos obligations avant leur date d’échéance, leur valeur marchande va baisser énormément, mais le rendement de 3 % ne sera pas altéré si vous les conservez jusqu’à la fin de leur terme.

« On parle alors de perte relative, explique Jocelyn Paquet, économiste à la Banque Nationale. Vous allez obtenir votre rendement de 3 %, avec vos obligations du Canada, mais il sera moins élevé que celui du marché qui est rendu à 6 %.

« Il peut alors y avoir des problèmes d’appariement de votre portefeuille si votre rendement de 3 % servait à rembourser votre hypothèque à taux variable de 3 % et que celle-ci passe subitement à 6 %. Sinon, c’est une perte relative par rapport au marché. »

Règle générale, les gens qui achètent des obligations achètent une protection contre l’inflation et cette fonction-là disparaît totalement lorsque vous avez une obligation qui assure un rendement de 2 % et que l’inflation se situe à plus de 6 %…

Le fait que le marché des obligations recule en même temps que le marché des actions se replie, comme c’est le cas actuellement, ne constitue toutefois pas un précédent historique.

Alexandra Ducharme, elle aussi économiste à la Banque Nationale, note que de telles baisses simultanées de la valeur des obligations et de celle des actions se sont produites dans le passé, notamment durant les années 1960 et à la fin des années 1990, les deux catégories d’actifs ayant généré des rendements négatifs.

« Cela se produit quand on vit un double contexte de forte inflation et de croissance économique au ralenti. La forte inflation entraîne une hausse des taux d’intérêt qui affecte négativement la valeur des obligations alors que la croissance économique qui ralentit ou qui recule affecte négativement le marché des actions », constate l’économiste.

On comprend donc que la baisse de l’inflation et la réduction des taux d’intérêt sont les principaux facteurs qui vont permettre au marché des obligations de remonter et recommencer à générer des rendements plus attrayants.