Soumises à l’inflation, les fournitures scolaires coûtent cher aux parents. Une virée dans cinq magasins pour acheter les 11 mêmes articles de base pour un enfant qui fréquente l’école primaire démontre la grande variation des prix : le même cartable coûte ici 0,99 $ et là… 12,29 $.

« On peut passer d’un prix correct à son quadruple pour plusieurs items de la liste de matériel scolaire, dit Olga Cherezova, conseillère budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’est de Montréal. C’est important de magasiner et de comparer, pour pouvoir guetter les prix et avoir une idée de combien ça coûte pour vrai. »

Le cartable rigide en plastique (épaisseur d’un pouce) est un exemple stupéfiant de l’écart de prix : pour un produit identique, il est annoncé à 0,99 $ chez Jean Coutu et à 12,29 $ chez Bureau en gros. Un autre exemple frappant ? Le même paquet de quatre surligneurs de marque Sharpie est vendu à prix aléatoire, soit 1,98 $ chez Walmart et 4,98 $ à la papeterie de quartier (dans ce cas-ci, chez Papeterie Léo, dans l’est de Montréal).

Pour le nombre d’articles, onze en tout, achetés à cinq endroits différents, la facture passe de 21,66 $ (chez Dollarama) au double, soit 43,20 $ (chez Bureau en gros).

Le hic ? Cela change d’une semaine à l’autre, d’un magasin à l’autre – et la fluctuation peut être grande.

« Cette semaine, tel item peut être moins cher en pharmacie et la semaine suivante, il est vendu à plus bas prix dans une grande surface, souligne Mme Cherezova. Il faut s’informer et savoir quel est, au juste, le “bon” prix. »

Trier et réutiliser

Mère de cinq enfants et belle-mère de trois enfants, âgés de 6 à 15 ans, Andrée-Ann Pinard s’applique dès juin, à la fin de l’année scolaire, à préparer la rentrée suivante. « Je commence par consulter les réseaux sociaux des écoles fréquentées par mes enfants pour jeter un coup d’œil aux objets perdus et repérer si certaines choses leur appartiennent, raconte-t-elle. Cela m’évite de futures dépenses inutiles. »

Aidée par ses enfants, la gestionnaire de 41 ans vide ensuite les sacs d’école et trie le matériel : tout ce qui peut être réutilisé est conservé. « Nous faisons un inventaire, note-t-elle, et je commence mon magasinage assez tôt pendant l’été pour courir les spéciaux dans plusieurs magasins. J’en profite pour faire des réserves. »

Selon l’organisme Regroupement partage, la somme totale déboursée pour les articles scolaires, pour un enfant du primaire du Grand Montréal, est en moyenne de 130 $, soit 30 % de plus qu’il y a deux ans. Mme Pinard estime pour sa part qu’elle n’a que le « tiers de la liste à acheter » pour chacun de ses enfants ; cela lui coûte tout de même 110 $ par enfant.

« J’essaie d’être organisée, confie-t-elle, et ça reste un moment plaisant pour moi et pour les enfants. »

Faire son budget et acheter en gros

Ce n’est pas le cas pour tout le monde : pour bien des familles, qui doivent tenir compte des prix des loyers et des denrées alimentaires qui ont explosé, les achats de la rentrée sont la goutte qui fait déborder le vase. « C’est une période de grande préoccupation financière pour les familles, indique Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire chez Option consommateurs. C’est déjà difficile de boucler les fins de mois. »

PHOTO MARTIN ALARIE, FOURNIE PAR OPTION CONSOMMATEURS

Johanne Le Blanc, d’Option consommateurs

Son meilleur conseil est de bien préparer son budget pour faire face à ces dépenses. « Elles sont prévisibles, dit-elle, alors je suggère de ramasser des sous dès septembre pour la rentrée suivante. »

Mme Pinard a développé un truc infaillible pour économiser : elle fait des achats groupés avec des amis qui ont des enfants du même âge que les siens. Cela lui permet d’acheter de grandes quantités à moindres coûts.

« J’achète souvent et beaucoup de crayons de couleur, de crayons de plomb, de feutres, d’effaces, de bâtons de colle et de cahiers d’écriture, précise-t-elle. Je pars avec une amie faire tous les achats et on divise les articles tout comme les montants des factures. On réussit à faire pas mal d’économies. »

Des ressources à proximité

Jessica Laflamme, propriétaire de l’entreprise Faire plus avec moins, qui propose des ateliers d’économie familiale et des outils de planification, souligne à quel point les comptoirs familiaux sont des ressources inestimables.

« Il faut déconstruire l’image que c’est associé à la pauvreté, explique la mère de trois enfants de 7, 9 et 12 ans. Des organismes comme Centraide, Renaissance ou des carrefours familiaux recèlent de vrais trésors ! Ce sont des bazars où on trouve de tout. »

PHOTO FOURNIE PAR JESSICA LAFLAMME

Jessica Laflamme, de Faire plus avec moins

Elle rappelle qu’on y retrouve aussi des articles liés aux lunchs – des plats et des thermos, par exemple. Elle aime bien, par ailleurs, faire le plein de collations (barres tendres, craquelins, etc.) lorsqu’elles sont en solde en épicerie.

« Je crois qu’il faut utiliser son argent de façon consciente, glisse-t-elle, et en même temps, on informe et on éduque nos enfants. Il y a une réflexion à faire en amont : qu’est-ce qui est nécessaire, qu’est-ce qui est obligatoire et qu’est-ce qui est superflu ? »

Faire de l’éducation financière

Mme Le Blanc, d’Option consommateurs, est du même avis. Selon elle, peu importe notre revenu et notre budget, il faut apprendre à faire des choix. « Dire “non” aux petits extras demandés par les enfants, c’est commencer leur éducation financière. Le piège, c’est d’aller au-delà de la liste. »

Parce qu’après la facture des fournitures scolaires, il y a celle du service de garde à venir, tout comme celle des activités parascolaires, de la cafétéria ou de l’uniforme…

« Utilisez votre gros bon sens, conclut Olga Cherezova, de l’ACEF de l’est de Montréal. Si une marque est plus chère, même si elle est indiquée sur la liste de l’école, on trouve un produit de remplacement qui fait l’affaire. Si le budget ne le permet pas, pourquoi on paierait plus cher ? »

Comment diminuer les coûts à la rentrée ?

Voici les trucs et conseils d’experts.

  • Appliquer la règle des 3 R (réduire, réutiliser, recycler)
  • Consulter les circulaires et comparer les prix
  • Parcourir les groupes de partage et d’entraide (sur Facebook, par exemple)
  • Visiter les organismes familiaux de son quartier ou de sa municipalité
  • Faire des réserves lorsque les aubaines sont intéressantes
  • Faire des achats groupés (avec des amis qui ont des enfants du même âge, par exemple)
  • Se limiter à la liste de matériel requis
  • Opter pour la qualité pour les articles principaux (sac à dos, boîte à lunch, etc.)
  • Bien étiqueter le matériel
  • Recouvrir les livres et les cartables
  • Impliquer les enfants et les encourager à prendre soin de leur matériel

Sources : Olga Cherezova, de l’ACEF de l’est de Montréal, Johanne Le Blanc, d’Option consommateurs, Jessica Laflamme, de Faire plus avec moins, et Andrée-Ann Pinard