(Washington) Les élus de la Chambre des représentants ont commencé à voter mercredi sur le texte visant à relever le plafond de la dette, que les chefs des deux partis espèrent voir adopté malgré de farouches réticences de part et d’autre.

Fruit de négociations marathon et arraché au forceps pendant le week-end prolongé de Memorial Day, le texte doit permettre d’éviter le pire : que les caisses du pays se retrouvent à sec lundi prochain, risquant alors d’amener les États-Unis au défaut de paiement.

Pour éviter ce scénario aux répercussions potentiellement catastrophiques pour l’économie, le président démocrate Joe Biden, et le chef républicain à la Chambre Kevin McCarthy ont conclu ce week-end un accord, qui, comme tout compromis, n’a pleinement satisfait personne.

Après un premier vote serré en commission mardi, le texte sera discuté mercredi soir en séance plénière à la Chambre basse, contrôlée par les républicains.

Leur chef Kevin McCarthy a reconnu qu’il ne ferait pas le plein de voix dans son camp, tout en affichant son optimisme. « Aujourd’hui, nous allons adopter les plus importantes coupes budgétaires de l’histoire américaine », a-t-il déclaré avec emphase à des journalistes.  

Et pour cause, les leaders démocrates, bien qu’ils aient été contraints de retoucher au budget fédéral, se sont engagés à apporter les voix qui manqueraient à ce texte.  

« Les démocrates de la Chambre feront en sorte que le pays ne fasse pas défaut. Un point, c’est tout », a déclaré leur chef Hakeem Jeffries.

« Nous ne laisserons pas les républicains extrémistes plomber notre économie et faire souffrir les Américains, même s’il reste à voir comment la mécanique va se mettre en place » dans l’hémicycle, a-t-il ajouté, en espérant que Kevin McCarthy rallie au moins deux tiers de son groupe, soit 150 voix.

Dans la même veine, le chef de la majorité démocrate au Sénat a promis de soumettre « aussi vite que possible » le texte aux élus de la chambre haute. « Il est impératif que nous évitions le défaut de paiement », a déclaré Chuck Schumer.

Joe Biden se rend dans le Colorado mercredi soir. Avant son départ, il a dit espérer que la législation soit adoptée par la Chambre avant son arrivée dans cet État de l’Ouest américain.  

« D’ici à ce que j’atterrisse, le Congrès aura agi, la Chambre aura agi, et nous aurons franchi encore une étape », a lancé le président américain, qui avait déjà appelé « fermement » les élus à adopter le texte la veille.  

« Mauvais accord »

Dans les deux camps, de nombreuses voix ont toutefois fait savoir qu’elles ne voteraient pas le texte.

Chez les républicains, les principales critiques émanent de l’aile trumpiste qui réclamait davantage de coupes dans les dépenses. L’élu du Texas Chip Roy a ainsi fustigé un « mauvais accord », pour lequel « aucun républicain ne devrait voter ».

Certains membres de leur groupe envisagent même une motion de censure pour obliger Kevin McCarthy à quitter le perchoir. La proposition peut être déposée par un seul élu.

Des voix plus modérées, comme celle de l’élue de Caroline du Sud, Nancy Mace, manqueront aussi à l’appel. « Cet “accord” formalise le niveau record atteint par les dépenses fédérales durant la pandémie et en fait la base de référence des dépenses à venir », a-t-elle critiqué.

Côté démocrate, des élues de l’aile gauche comme Pramila Jayapal et Alexandria Ocasio-Cortez, refusent de soutenir un texte « imposé » selon elles par les républicains.  

Le projet de loi suspend le plafond de la dette jusqu’en 2025, soit après les élections présidentielles, fin 2024.

En échange, certaines dépenses se verront limitées afin de les maintenir stables, hors dépenses militaires, en 2024 et en hausse de 1 %, hors inflation, en 2025.

Il prévoit par ailleurs une baisse de 10 milliards de dollars des fonds alloués aux services fiscaux pour se moderniser et renforcer les contrôles.

Le bureau de M. McCarthy a par ailleurs déclaré que l’accord prévoit le recouvrement « de milliards de dollars de fonds COVID-19 non dépensés » pendant la pandémie, sans autre précision.

Gros point de contentieux, le compromis inclut des modifications aux conditions imposées pour bénéficier de certaines aides sociales : il augmente de 49 à 54 ans l’âge jusqu’auquel les adultes sans enfants doivent travailler pour recevoir une assistance alimentaire, mais il élimine cette obligation de travailler pour les anciens combattants et les sans-abris.