(Ottawa) Le premier ministre et chef libéral Justin Trudeau refusait encore vendredi de s’engager à présenter un plan de retour à l’équilibre budgétaire, et ce, même si une résolution de l’aile québécoise de son parti est adoptée par les membres réunis en congrès.

« Le plus important pour moi, c’est de créer une économie forte et résiliente dans laquelle on peut continuer d’investir et de créer de bons emplois. On sait que c’est essentiel de démontrer une responsabilité fiscale, ce qu’on est toujours en train de faire », a répondu M. Trudeau en mêlée de presse.

Il a évité à plusieurs reprises de répondre directement à des questions de journalistes qui tentaient de clarifier si c’est pour lui une priorité, que la résolution soit adoptée ou pas.

M. Trudeau a plutôt répété ce qui commence à devenir un mantra : que le Canada a le plus bas déficit du G7, le plus bas ratio de la dette au PIB du G7 et qu’il est l’un des trois plus grands pays du monde avec une cote de crédit AAA.

Or, ces arguments ne convainquent manifestement pas des militants du Québec dont la résolution ne passe pas par quatre chemins. Elle réclame que le Parti libéral du Canada se donne une « proposition chiffrée et claire » de retour à l’équilibre budgétaire et qu’elle « fasse partie de la plateforme électorale » du parti en vue des prochaines élections.

Les membres expliquent dans le préambule que la dette fédérale est passée de 30 % du PIB en 2015-2016 – lors de l’arrivée au pouvoir des libéraux – à près de 50 % en 2021-2022, ce qui « inquiète plusieurs Canadiens », bien qu’elle demeure « proportionnellement raisonnable » en comparaison de celle des autres grands pays du monde.

Ils notent également que les Canadiens « accorderont sans doute une importance significative » à la présence d’un programme de réduction de la dette et de retour à l’équilibre budgétaire lorsqu’ils choisiront un parti pour gouverner le pays aux prochaines élections.

Dans son plus récent budget, qui a été déposé en mars dernier, le gouvernement Trudeau a fait une croix sur sa projection d’un retour à l’équilibre budgétaire dans cinq ans.

Vendredi matin, M. Trudeau a relativisé le poids de la demande de l’aile québécoise, estimant qu’il ne s’agit que d’une des nombreuses résolutions qui susciteront « de grands débats entre libéraux » et qui seront votées samedi.

« On va regarder quelles seront les recommandations et la perspective du parti et de ses militants », a-t-il déclaré sans prendre un quelconque engagement.

Appelé à commenter la résolution, le ministre de la Santé et ancien professeur d’économie Jean-Yves Duclos n’y semblait pas particulièrement favorable.

« On est en situation fiscale et financière solide : une économie qui croît rapidement, plus que tous les autres pays du G7 cette année, un taux de chômage qui est à un niveau historiquement bas, un niveau d’investissement record, des gens qui veulent venir investir et vivre ici au Canada avec nous. Donc beaucoup d’indicateurs très positifs qu’on veut continuer à maintenir », a-t-il dit.

Selon lui, la résolution va dans la même ligne que le plus récent budget fédéral, soit de « conserver les avantages fiscaux […], dans un contexte où les investissements qui vont avec les dépenses du gouvernement canadien sont en bonne partie responsables de la croissance soutenue que l’on voit au Canada ».

Les délégués présents au congrès devront se prononcer sur une trentaine de résolutions. Certaines proposent que l’âge requis pour voter aux élections fédérales soit abaissé à 17 ans, recommandent d’établir un revenu de base garanti et d’établir un train à grande vitesse électrique dans le corridor Québec-Windsor.

Le congrès national du Parti libéral du Canada se poursuit jusqu’à samedi.