(Montréal) La participation des partenaires privés dans la construction et la rénovation de logements sociaux et abordables a fleuri pour en augmenter le nombre de près 50 % par rapport à ce qui était initialement prévu.

À l’origine, les ententes prévoyaient la construction ou la rénovation de quelque 2000 logements sociaux et abordables à travers le Québec d’ici la fin de 2025, soit 1000 assumés par le Fonds de solidarité FTQ et 1000 par le Mouvement Desjardins.

Or, les deux entités ont annoncé lundi, à Longueuil, que ce nombre passera à 1400 du côté du Fonds de solidarité et à 1500 chez Desjardins, soit un total de 2900.

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, était aux côtés du président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, de sa vis-à-vis du Fonds de solidarité, Janie Béïque, et de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, pour faire part de ce remarquable résultat du partenariat.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE FRANCE-ÉLAINE DURANCEAU

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

Dans l’ensemble des régions

M. Cormier a souligné qu’il ne s’agit pas ici uniquement des projets destinés aux grands centres urbains, alors que la crise du logement sévit partout à travers la province. « On parle de Rivière-du-Loup, on parle de Gaspésie, on parle de Saguenay, on parle de Gatineau, on parle de Sherbrooke, on parle de la Rive-Sud, on parle de la Rive-Nord, on parle aussi de Montréal, de Sainte-Foy. »

D’ailleurs, on annonçait du même coup que Longueuil accueillera l’un de ces projets, soit un édifice de 175 logements comprenant 80 logements sociaux admissibles au Programme de supplément de loyer et 95 logements abordables. Il s’agira de logements de taille variable allant de studios pour une personne à des logements de quatre chambres destinés aux familles, pour lesquelles des appartements de cette taille à des prix raisonnables sont devenus quasi impossibles à trouver.

Le Mouvement Desjardins précise que ses projets sont répartis dans les 14 régions du Québec, dont un qui est déjà en construction en Estrie, alors que le Fonds de solidarité, lui, fait état de 32 projets dans 10 régions. Dans tous les cas, ces projets sont élaborés et mis en marche en collaboration avec des organismes communautaires locaux œuvrant dans le logement.

Un « rendement sociétal »

Il pourrait être étonnant de voir des portefeuilles privés investir dans de telles aventures peu rentables, mais même si ces investissements ne se feront pas à perte, les deux chefs d’entreprise ont rappelé que leur mission n’est pas la même que celle des investisseurs privés traditionnels. « Des projets comme ça, ça donne un rendement qui est inférieur à ce qu’on obtient dans d’autres projets », a clairement admis Mme Béïque, précisant qu’il s’agissait là d’abord et avant tout d’un « rendement sociétal ».

« On fait plus de rendement ou on fait un rendement marché dans certains projets, ce qui nous permet, à cause de notre mission puis de notre désir, d’être dans ces secteurs-là et de prendre un rendement qui est moindre », a-t-elle ajouté.

Guy Cormier a tenu essentiellement les mêmes propos. « Il y a des projets où on a de très bons rendements, puis des projets qu’on a des rendements qu’on ne qualifie pas de financier, qu’on qualifie beaucoup plus de sociétal ou d’impact dans la communauté. »

« Je pense que nos membres chez Desjardins s’attendent à ça de la part du mouvement », a-t-il conclu.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier

Pas de désengagement

Tant du côté de la FTQ que du Mouvement Desjardins, 75 % des projets financés seront de nouvelles constructions, l’autre 25 % étant des rénovations de logements existants.

Pour la réalisation de ces projets, Québec a octroyé 175 millions à la filiale immobilière du Fonds de solidarité, le Fonds y allant de 75 millions de son côté. Desjardins reçoit également 175 millions de Québec auxquels il ajoute 150 millions en capital et en prêts.

La ministre Duranceau n’a pas manqué de profiter de l’occasion pour offrir cette réplique à ceux qui critiquaient l’approche de partenariat avec le secteur privé dans le ce secteur : « Alors certains peuvent dire “ ç’a l’air d’être un désengagement du gouvernement dans le logement social et abordable ”. Je pense qu’on est loin de se désengager. Les dollars en font foi. »

Le Fondaction de la CSN participe également à ce projet, mais se concentre sur le secteur du logement coopératif. Initialement, on prévoyait aussi 1000 logements de ce côté, mais la ministre Duranceau a promis qu’une autre annonce serait bientôt faite dans ce cas.