Les prix ont augmenté, les exportations aussi. L’année dernière a donc été marquée par une croissance dans de nombreux secteurs liés à l’alimentation, détaille le plus récent BioClips, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, dans un rapport-bilan. Explications, en cinq chiffres.

34 milliards

Sans surprise, les ventes dans les commerces d’alimentation ont augmenté, portées par l’inflation alimentaire. Au total, les ventes devraient avoir atteint un peu plus de 34 milliards de dollars pour l’ensemble de 2022, au Québec. Ce qui est toutefois surprenant est que la hausse est de 4,3 %, comparativement à l’année précédente, ce qui est sous l’augmentation de la valeur des aliments, qui tourne davantage autour de 8,6 %, en moyenne.

C’est donc dire qu’en volume, les bilans officiels afficheront un recul, et que les Québécois se seront, en partie, procuré leurs aliments à l’extérieur des commerces traditionnels.

« Si les ventes se sont déplacées, c’est vers les grandes surfaces », explique Pascal Thériault, directeur du programme de gestion et technologies d’entreprise agricole à l’Université McGill, qui cite des enseignes telles que Walmart ou Tigre Géant où l’on peut faire des économies dans les allées réservées aux aliments.

Cet économiste émet aussi une seconde hypothèse : « Les prix des aliments pour un panier fixe pourraient avoir monté de 8,6 %, mais si les gens ont délaissé des produits pour des alternatives moins coûteuses, leurs dépenses n’auront pas augmenté aussi vite. »

9,2 %

On l’a beaucoup répété, le prix des aliments augmente. En 2022, pour l’ensemble du pays et des denrées, cette hausse moyenne se situe à 9,2 % et comporte évidemment des mouvements très différents. Parmi les catégories d’aliments dont les prix ont connu une forte hausse, les fruits frais (+ 10,4 %), les produits de boulangerie et céréales (+ 11,7 %) et les matières grasses et les huiles (+ 27,2 %).

Statistique Canada, qui a fait le calcul de la différence entre 2021 et 2022, a aussi noté une hausse au-delà de 8 % pour la viande et les œufs.

7 %

Les clients ont retrouvé leurs restaurants préférés, les recettes engrangées par l’ensemble de l’industrie sont en hausse : + 29 %, si on compare les 11 premiers mois de 2022 à ceux de 2021, qui comprenaient des périodes de fermeture. Pour une comparaison qui amène plus de perspective, on note une augmentation des recettes de 7 % comparativement aux mêmes mois de 2019, alors que la pandémie n’était que science-fiction.

Comment cela est-il possible ?

C’est qu’il est question de ventes brutes, nuance Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association des restaurateurs du Québec. Si on enlève l’inflation, les résultats sont plutôt négatifs. « Nous ne sommes pas revenus en vente et en achalandage aux mêmes niveaux que 2019 », précise Martin Vézina, qui rappelle que la pénurie de main-d’œuvre force de nombreux restaurateurs à réduire leurs heures d’ouverture.

11,5 milliards

La reprise d’activités commerciales internationales plus normales a fait du bien aux transformateurs alimentaires québécois, dont la valeur des exportations a augmenté de 11 % en 2022, pour atteindre 11,5 milliards de dollars.

« Outre l’augmentation du volume de certains produits exportés, cette performance peut s’expliquer par des facteurs comme la hausse du prix à l’exportation et le repli du dollar canadien », peut-on lire dans le BioClips.

Sur le podium de ces exportations, les céréales, les produits du café et les produits oléagineux – donc des noix et des graines.

9 %

À noter : le porc québécois, viande traditionnellement largement exportée, a reculé de 9 % l’année dernière, en valeur et en volume. « La raison principale de cette diminution est directement liée à la réduction des taux d’abattage au Québec, explique la porte-parole des Éleveurs de porcs du Québec, Anne Cazavan. La diminution de la valeur par kilo est restée standard, et a donc simplement suivi la contraction des volumes exportés. » Mme Cazavan ajoute qu’« Olymel a annoncé une réduction d’abattage de 530 000 porcs au Québec, qui fut effective en février 2022, et de 720 000 porcs en Ontario. Il est à noter que la réduction des porcs ontariens a également eu un impact sur les données québécoises, puisque les porcs provenant d’Ontario sont transformés au Québec, et font donc également partie des données d’exportation de la province ».