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Quand on parle d’inflation, on entend dire qu’il s’agit d’une hausse de 5 % pour juin. Au mois de juillet, encore 5 %. Est-ce que ça veut dire 10 % au total ?

Denis Caron

On a beaucoup suivi les données à propos de l’inflation en 2022. Chacune des annonces de Statistique Canada semait l’émoi, car les chiffres surpassaient souvent les précédents. Ils ont ensuite ralenti leur croissance pour atteindre 6,9 % en octobre.

Qu’est-ce que cela veut dire, exactement ?

Tout simplement qu’entre octobre 2021 et octobre 2022, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 6,9 % au pays.

Pour faire ce calcul, Statistique Canada mesure l’augmentation des prix sur nos achats, de la nourriture à l’essence, deux pôles de dépenses qui ont largement tiré l’inflation vers le haut cette année.

« On présente l’inflation depuis longtemps selon le glissement annuel », précise le professeur du département des sciences économiques de l’UQAM Dalibor Sevanovic.

« On calcule l’inflation comme la variation en pourcentage entre ce mois-ci et le même mois l’année passée. Et on fait ça chaque nouveau mois. C’est pour ça qu’on a de gros chiffres comme 5 % ou 6 % », explique Dalibor Sevanovic, aussi cotitulaire de la Chaire en macroéconomie et prévisions ESG UQAM et Fellow CIRANO.

« Ça donne l’inflation sur une année, telle qu’elle est calculée en juin ou en juillet, poursuit le professeur. Ça veut dire que durant ces mois-là, en moyenne, l’inflation a été de 5 %. »

Maintenant, M. Caron veut savoir si ce taux est cumulatif.

La réponse est non.

Les augmentations sont calculées d’une année à l’autre.

Votre panettone qui vous avait coûté 30 $ l’année dernière va vous coûter un peu plus de 32 $ cette année, avec une inflation de 6,9 %.

« Si on voulait additionner, poursuit Dalibor Sevanovic, il faudrait calculer la variation mensuelle. Dans ce cas, pour le mois de juin, on aurait la variation en pourcentage entre le mois de mai et le mois de juin. Ensuite, on aurait la variation mensuelle entre juin et juillet. »

Par exemple, si le taux d’inflation mensuel entre septembre et octobre est de 0,6 % et le taux d’inflation entre août et septembre est de 0,4 %, il y a eu un taux d’inflation d’à peu près 1 % durant ces deux mois, illustre le professeur.

Plusieurs consommateurs trouveront qu’il est plus simple d’avoir en main le comparatif d’une année à l’autre pour bien saisir l’évolution des prix, à l’épicerie par exemple, parce que ça donne une idée plus globale.

Par contre, les tendances leur échappent.

« Dans les variations annuelles, on ne voit pas les mouvements à court terme, complète Dalibor Sevanovic. On ne voit pas que les prix commencent à baisser ou à monter. »

On peut aussi faire une observation sur un plus long laps de temps. Quelques années, dit-il.

« On pourrait calculer de combien les prix ont augmenté depuis les cinq dernières années. »

Et il faut parfois le faire. En 2020, on a eu une déflation, rappelle le professeur avec beaucoup de sagesse, puisque cette période nous semble bien loin.

« Si on compare les prix de 2022 à 2021, il y a eu une hausse, mais si on les compare à 2019, la hausse est moins marquée. Et il faut comparer avec les salaires, car oui, les prix montent, mais les salaires montent aussi. La question est : est-ce que les salaires montent autant que les prix ? »

Regarder uniquement les prix n’est pas suffisant, dit-il, car au bout du compte, ce qui est important, c’est le pouvoir d’achat.

Consultez notre section « Démystifier l’économie »

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