Le taux annuel d’inflation est resté inchangé à 6,9 % en octobre par rapport au mois précédent, a rapporté mercredi Statistique Canada. C’est l’augmentation du prix de l’essence qui a empêché l’indice des prix à la consommation (IPC) de baisser. Le prix des aliments continue d’augmenter, mais à un rythme moins rapide qu’en septembre.

Sans l’essence et l’alimentation, l’IPC s’est établi à 5,3 %, comparativement à 5,4 % le mois dernier, et il y a de bonnes nouvelles dans les détails du rapport.

Pourquoi le taux d’inflation ne baisse-t-il pas ?

Le prix de l’essence, qui occupe une place importante dans le panier de consommation des Canadiens, a empêché l’indice des prix à la consommation de baisser en octobre. La décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole de réduire sa production et la baisse de la valeur du dollar canadien ont fait augmenter les prix à la pompe. L’essence coûtait 9,2 % plus cher en octobre, après avoir diminué de 7,4 % en septembre. Le litre d’essence coûte 17,8 % plus cher qu’il y a un an.

Quels sont les produits dont le prix augmente le plus ?

Le prix des aliments a augmenté de 10,1 % en octobre, soit plus vite que l’ensemble de la consommation mesurée par l’IPC qui s’établit à 6,9 %. La hausse est toutefois moins prononcée que le mois précédent, alors qu’elle était de 11,4 %.

Ce ralentissement est une des bonnes nouvelles du rapport sur l’inflation, soulignent les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale. « L’alimentation a augmenté de 0,4 % sur une base désaisonnalisée, ce qui demeure inconfortablement élevé mais représente la plus faible croissance en quatre mois », observent-ils.

Le prix des aliments achetés en magasin reste supérieur à l’IPC d’ensemble depuis 11 mois consécutifs.

Aussi, les hausses de taux d’intérêt à répétition ont fait augmenter les coûts de propriété. Le coût de l’intérêt hypothécaire a augmenté de 11,4 % depuis un an, la plus forte hausse depuis février 1991.

L’inflation est un peu moins élevée au Québec. Pourquoi ?

Les prix ont augmenté plus rapidement que la moyenne canadienne dans huit des dix provinces. Ils ont baissé en Ontario, de 6,7 % à 6,5 %, et au Québec, de 6,5 % à 6,4 %.

Au Québec, le ralentissement de l’inflation s’explique par la plus faible utilisation du mazout pour le chauffage. L’utilisation du mazout, dont le prix a augmenté considérablement avec le prix des autres produits pétroliers, est plus répandue dans les provinces atlantiques, soit Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, l‘Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick. L’Île-du-Prince Edouard est la province canadienne où l’inflation globale est la plus élevée, à 8,7 %.

Est-ce qu’il faut conclure que les hausses de taux d’intérêt ne réussissent pas à réduire l’inflation ?

Non. Les mesures de l’inflation de base, qui comptent vraiment pour la Banque du Canada, restent élevées « mais représentent une nette amélioration par rapport au début de l’année », selon les économistes de la Banque Nationale.

La variation annualisée sur trois mois de l’IPC-tronq et de l’IPC-med, qui mesurent l’inflation de base, est respectivement de 3,4 % et 3,3 %, ce qui se rapproche de la cible de la Banque du Canada.

« Les progrès sur le plan de l’inflation ne seront pas nécessairement constants », soulignait la semaine dernière Jimmy Jean, économiste en chef de Desjardins. Selon ses collègues qui ont commenté le rapport d’octobre, « il semble bel et bien y avoir de la lumière au bout de ce long tunnel », ce qui indique que la série de hausses des taux d’intérêt de la Banque du Canada tire à sa fin. À la prochaine décision sur les taux, le 7 décembre, le taux directeur devrait encore augmenter, mais de 25 points de base seulement, selon les observateurs de la politique monétaire.