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J’aimerais savoir pourquoi le prix du diesel était moins cher que celui de l’essence ordinaire, avant la flambée récente des prix au cours des derniers mois, et que maintenant il est presque 50 % plus cher que celui de l’essence ordinaire.

Gaétan Laberge, Montréal

La réponse simple à cette question est que le diesel est un substitut au gaz naturel, dont la demande mondiale a explosé avec la guerre en Ukraine et les sanctions contre le pétrole et le gaz russes.

La recherche de nouveaux approvisionnements en gaz naturel a un impact jusque dans le prix du plein des camions qui roulent sur nos routes, explique Carol Montreuil, porte-parole de l’Association canadienne des carburants.

L’augmentation marquée du prix du diesel, par rapport à l’essence ordinaire, s’explique en grande partie par sa capacité à être utilisé pour remplacer le gaz naturel. « Toutes les industries qui brûlent du gaz naturel peuvent utiliser le diesel comme substitut », précise-t-il. Plusieurs entreprises ont donc converti leurs opérations au diesel. De même, les systèmes de chauffage alimentés au gaz naturel peuvent fonctionner avec du diesel.

Traditionnellement, le prix de l’essence ordinaire et celui du diesel évoluent avec le prix du pétrole brut, dont ils sont des produits dérivés. Leurs prix divergent selon les saisons. En été, la forte demande d’essence exerce une pression à la hausse sur son prix tandis qu’en hiver, c’est le diesel qui coûte plus cher parce qu’il sert pour le chauffage.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est venu brouiller les cartes.

La flambée du prix du pétrole qui a suivi l’invasion de l’Ukraine et les sanctions imposées à la Russie ont fait augmenter tous les prix des produits raffinés à partir du pétrole brut : l’essence, mais aussi ce qu’on appelle les distillats comme le diesel, le mazout et le kérosène.

La décision de l’Europe de cesser de s’approvisionner en énergie provenant de la Russie a propulsé le prix du gaz naturel à des niveaux record. La demande de gaz naturel non russe a augmenté en flèche et tous les pays qui en produisent ont pu en exporter pour aider l’économie européenne à continuer de fonctionner et pour profiter des prix élevés.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS BADIAS, ARCHIVES DE L’ASSOCIATED PRESS

L’usine à gaz R-CUA, à Strasbourg, en France

La demande pour le diesel a donc augmenté considérablement. Les États-Unis exportent du gaz naturel en Europe comme jamais, selon les statistiques de l’Agence d’information du département américain de l’Énergie, ce qui contribue à faire augmenter son prix en Amérique du Nord.

Les marchés de l’énergie étant interconnectés, la pression de la demande accrue sur le prix du gaz naturel (et de son substitut le diesel) se fait sentir surtout en Europe, mais aussi au Canada et aux États-Unis.

Les États-Unis, qui importaient du diesel et d’autres produits raffinés d’Europe, à certaines périodes dans l’année pour satisfaire la demande saisonnière, ont cessé de le faire. Résultat, les stocks de diesel et de mazout sont à leur plus bas niveau historique à l’approche de l’hiver et certaines régions risquent la pénurie1.

Le prix du diesel à la pompe continue d’être poussé à la hausse par la demande saisonnière, à cause des besoins en chauffage. Alors que l’hiver n’est pas encore commencé, le prix d’un litre de mazout est aussi actuellement en forte hausse, à 2,05 $ le litre, selon le relevé de la Régie de l’énergie.

1. Lisez l’article de Forbes (en anglais) Consultez notre section « Démystifier l’économie »

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