Si les villes existent, c’est qu’elles offrent des avantages à ceux qui y vivent. Est-ce en train de changer ? On pourrait croire que oui. La pandémie a poussé beaucoup de gens à fuir les centres urbains, et les centres-villes encore désertés s’interrogent sur leur avenir à l’ère du télétravail.

D’aussi loin qu’il est possible de remonter dans le temps, l’humanité a choisi de vivre en communautés pour des raisons de sécurité, d’économie et d’agrément. Jusqu’en 2007, la population mondiale qui vivait dans les campagnes était deux fois plus importante que celle qui habitait en ville. Depuis, les urbains sont devenus majoritaires dans le monde et les villes ont tendance à devenir de plus en plus populeuses.

Pourquoi vivre en ville ? Les attraits de jadis, comme la sécurité du groupe pour se défendre contre les bandits ou la possibilité d’économiser en partageant biens et services, ne sont plus ce qu’ils étaient. La hausse de la criminalité a rendu certaines grandes villes invivables, et le coût du logement est devenu un problème majeur dans beaucoup de centres urbains.

Les villes ont toutefois encore des avantages, dont celui de favoriser une meilleure utilisation des ressources de la planète, notamment grâce à la densification et au transport collectif.

Quant aux autres plaisirs généralement associés à la vie en ville, comme la culture et le divertissement, ce sont des variables subjectives dont l’importance se mesure difficilement. Certains s’y risquent quand même.

Le bonheur urbain dépend de plusieurs facteurs, selon une étude de la chercheuse Elaine Siu publiée sur le site Visual Capitalist, et il serait inversement proportionnel à la taille de la ville.

Consultez l’étude sur le site Visual Capitalist (en anglais)

Son analyse compare la taille des villes avec un indice de qualité de la vie mesurée par huit variables, soit le coût de la vie, le pouvoir d’achat, le prix des propriétés par rapport aux revenus, la pollution, la circulation, la sécurité, les soins de santé et le climat.

La conclusion : la qualité de vie augmente avec la taille de la ville, mais jusqu’à un certain point. À partir d’une certaine taille, le rapport s’inverse et la qualité de vie perçue diminue. Le point de bascule est une population médiane de 2,4 millions d’habitants, nombre à partir duquel les désavantages commencent à l’emporter sur les avantages.

Ce genre de comparaisons n’est jamais parfait et fait l’objet de critiques, notamment parce qu’il rassemble des données disparates. Mais le résultat d’au moins un autre classement des villes les plus agréables à vivre dans le monde, celui de l’Economist Intelligence Unit, arrive aussi à la conclusion que « small is beautiful ».

Selon ce palmarès, les villes où il fait bon vivre dans le monde, pour la plupart situées en Europe de l’Ouest et au Canada, ont en commun d’être de taille moyenne. Vienne arrive en tête de liste, et parmi les villes canadiennes, Calgary et Vancouver se classent mieux que Toronto.

Tokyo, l’exception

La corrélation entre la taille d’une ville et la qualité de vie perçue par ses habitants souffre d’une exception et elle est importante, Tokyo. La capitale japonaise, avec une population métropolitaine de 35 millions, serait même plus agréable à vivre que des villes comme San Francisco (4,6 millions d’habitants), Toronto (6,3 millions) ou Montréal (4,2 millions).

La plus grande ville du monde se classe mieux que les autres grandes villes du monde. La capitale du Japon coche toutes les cases qui définissent la qualité de vie.

L’analyste risque une explication : Tokyo est une ville où il fait bon vivre parce que son réseau de transports en commun est exceptionnel et que le coût de la vie y est raisonnable, comparativement à d’autres très grandes villes comme New York ou Hong Kong.

Si le prix du logement est relativement abordable à Tokyo, explique-t-on, c’est que le zonage de la ville permet une mixité d’usages et la cohabitation de plusieurs types d’habitations et de commerces, ce qui rend la vie des résidants plus agréable.

Il y a là matière à réflexion pour améliorer nos villes qui se cherchent un avenir.