L’économie canadienne montre des signes de ralentissement, mais la Banque du Canada garde le cap et continue sa lutte contre l’inflation. Avec cette nouvelle hausse de 50 points de base, la sixième depuis le début de l’année, le taux directeur s’établit à 3,75 %, du jamais vu depuis 2008.

Pourquoi une autre hausse de taux ?

La hausse des prix commence à ralentir, mais le taux d’inflation est encore trop élevé, a expliqué le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors d’une conférence de presse qui a suivi l’annonce de l’augmentation du taux directeur. La hausse des prix est généralisée, a-t-il souligné, en précisant que les deux tiers des composantes de l’indice des prix à la consommation sont en hausse de plus de 5 %.

La Banque du Canada reconnaît que les hausses de taux commencent à peser sur la croissance, mais pas encore assez. Elle souligne le nombre élevé de postes vacants et l’existence de pénuries de main-d’œuvre généralisées. Le taux de chômage a commencé à augmenter, mais à 5,2 %, il reste à un niveau relativement bas historiquement.

L’économie surchauffe, résume le gouverneur.

Les ménages et les entreprises veulent acheter plus de biens et de services que ce que l’économie est capable de produire, et cela fait monter les prix.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Pour ces raisons, la banque centrale juge approprié d’augmenter son taux directeur de 50 points après l’avoir haussé de 100 points de base, soit de « passer d’un très grand saut à un grand saut », selon les mots du gouverneur.

Combien d’autres hausses sont encore à venir ?

Contrairement à ce que beaucoup espèrent, cette hausse de 50 points du taux directeur ne sera pas la dernière. « Nous nous attendons aussi à ce que le taux directeur doive encore augmenter », a signalé Tiff Macklem. Mais cela pourrait être l’avant-dernière.

Le gouverneur laisse entrevoir que le resserrement monétaire tire à sa fin. « Nous sommes plus près de la fin des restrictions, mais nous n’en sommes pas encore là », a-t-il dit.

Après les trois dernières hausses de 100, 75 et 50 points, la prochaine augmentation du taux directeur, prévue le 7 décembre, pourrait être plus « normale », soit de 25 points, a laissé entendre le gouverneur. La décision dépendra de la réaction de la demande et de l’inflation aux six hausses de taux précédentes.

Selon l’économiste de la Banque Royale, Josh Nye, le discours de la banque centrale indique qu’une dernière augmentation de 25 points portera le taux directeur à 4 % en décembre, après quoi il y aura une pause pour évaluer l’impact du resserrement rapide des conditions monétaires sur l’économie.

Est-ce qu’une récession pourra être évitée ?

Le gouverneur de la Banque du Canada n’a pas prononcé le mot commençant par R, mais c’est tout comme. Il dit s’attendre à ce que l’économie enregistre une croissance négative « pendant quelques trimestres », mais pas à une sévère contraction.

Dans son Rapport sur la politique monétaire publié en même temps que la décision sur les taux, la Banque du Canada a réduit de moitié ses prévisions de croissance pour l’économie canadienne en 2023. Elle prévoit maintenant une croissance anémique de moins de 1 %.

Desjardins prévoit que cette prévision de croissance pour 2023 sera encore revue à la baisse, « ce qui la rapprochera de nos prévisions de récession », a commenté Randall Bartlett, son directeur principal, économie canadienne.

Le gouverneur de la banque centrale dit qu’il est conscient que beaucoup de ménages canadiens souffrent de l’augmentation des taux hypothécaires et que les dépenses des ménages et des entreprises diminuent. « Mais nous avons besoin de ce ralentissement », a-t-il réitéré.

À quand le retour à un taux d’inflation de 2 % ?

À ceux qui l’accusent d’en faire trop pour combattre l’inflation, le gouverneur de la banque centrale rétorque que son mandat est de s’assurer que l’inflation va retourner à la cible de 2 %.

« L’inflation ne va pas disparaître toute seule », a-t-il dit. La Banque du Canada a des décisions difficiles à prendre et « l’indépendance de la Banque du Canada devient plus importante quand il y a des décisions difficiles à prendre ».

La Banque du Canada prévoit que le taux d’inflation restera élevé, soit autour de 7 %, d’ici la fin de l’année, avant de diminuer à 3 % à la fin de 2023. Le retour à la cible de 2 % est prévu pour la fin de 2024. Ce sont des estimations légèrement plus optimistes que les précédentes, qui remontent au mois de juillet.

Il y a des signes que les pressions inflationnistes s’estompent, opine Randall Bartlett, de Desjardins. « Les prix des matières premières ont baissé depuis le Rapport sur la politique monétaire de juillet et les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement se résorbent », a-t-il pointé.

Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne, croit possible que le taux d’inflation baisse sous les 3 % plus tôt que ce que prévoit la Banque du Canada, soit au milieu de 2023 plutôt qu’à la fin.

Le taux d’inflation mesuré par l’indice des prix à la consommation de Statistique Canada est passé d’un sommet de 8,1 % en juin à 6,9 % en septembre.

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