(Toronto) Les restaurants et les bars du pays espèrent que la période des Fêtes qui s’en vient apportera avec elle une reprise pour leur secteur endetté.

Cependant, la forte inflation et la possibilité d’une récession leur font craindre que leur nouvelle normalité ne leur permette pas de payer leurs factures.

Normalement, l’automne est une période de transition entre la frénésie de l’été et les Fêtes, qui sont remplies de rassemblements et qui permettent de générer des revenus supplémentaires avant la saison lente et froide du début d’année, a souligné James Rilett, vice-président du centre du Canada pour Restaurants Canada.

Les restaurants et bars commencent à obtenir des réservations pour les rassemblements des Fêtes, tant chez les entreprises que chez les particuliers, mais il reste à voir si le trafic de cette période reviendra aux niveaux d’avant la pandémie, a-t-il noté.

Certains restaurateurs craignent en outre que l’hiver n’apporte une vague d’annulations, après que la saison des Fêtes de l’année dernière a vu les cas de COVID-19 grimper en flèche et que de nombreux établissements ont choisi de fermer leurs portes pour le réveillon du Nouvel An.

Aburi Restaurants Canada, qui possède plusieurs établissements à Vancouver et à Toronto, a commencé à recevoir des demandes de réservations pour les Fêtes, a déclaré la directrice régionale des activités dans l’est d’Aburi, Michelle Seguin.

Bien qu’il soit trop tôt pour dire si les réservations reviendront à la normale, il y a certainement plus de demandes que l’année dernière, a-t-elle souligné.

« Ce serait formidable si nous pouvions voir ces fêtes de fin d’année prépandémiques », a-t-elle estimé.

M. Rilett a observé que plusieurs plaçaient encore beaucoup d’espoir dans la période des Fêtes cette année, mais ajoutaient un soupçon de prudence à leurs attentes étant donné les évènements des deux derniers hivers.

Pendant ce temps, les espoirs d’un « retour à la normale » estival ont été relativement déçus, puisque le trafic était toujours en baisse et que l’inflation a beaucoup fait grimper le coût de fonctionnement des restaurants, a expliqué M. Rilett.

Mme Seguin a noté que l’inflation avait doublé ou même triplé les coûts de certains produits.

L’inflation affecte les restaurateurs, mais Mme Seguin sait bien qu’elle affecte également les clients et que ceux-ci pourraient se montrer plus prudents dans leurs dépenses pendant les Fêtes.

Selon Restaurants Canada, en août, les consommateurs canadiens ont commencé à serrer les cordons de leur bourse dans un contexte de forte inflation, puisque moins de Canadiens ont acheté des repas au restaurant, malgré le fait qu’août est normalement un mois chargé pour l’industrie.

En conséquence, certains restaurateurs ont prolongé la saison des terrasses aussi longtemps qu’ils le pouvaient, lorsque le temps le permettait, a-t-il souligné.

Les restaurants sont toujours confrontés à d’importants niveaux d’endettement en raison de la pandémie, ainsi qu’à des coûts d’intrants plus élevés et à des difficultés d’embauche, a détaillé M. Rilett.

Une saison des Fêtes occupée « payerait beaucoup de factures », a-t-il affirmé.

Moins de nouvelles entreprises de restauration voient le jour, alors que celles déjà existantes sont plus nombreuses à fermer leurs portes, a observé M. Rilett, ce qui fait en sorte que le nombre de restaurants, dans l’ensemble, a diminué au cours de la dernière année.

Il espère que cette saison des Fêtes fournira une sorte d’« étalon de mesure » pour aider l’industrie à mieux évaluer la nouvelle normalité. Mais une récession imminente pourrait aussi décevoir leurs attentes.

« Chaque fois que les gens sont touchés (par l’inflation), ou même pensent qu’ils vont être touchés, ils commencent à réduire leur consommation. Et cela nous frappe assez rapidement. »

La saison des Fêtes est dans l’esprit de tous les restaurateurs, a souligné Mme Seguin, mais les mois qui suivent le sont aussi. Les mois hivernaux, normalement plus lents pour le secteur, jumelés à l’évocation d’une récession, font en sorte que l’hiver pourrait être encore plus dur.

« Nous allons juste prendre ça un mois à la fois. »