Une des villes les plus visitées et les plus chères au monde qui décide d’offrir gratuitement des billets d’avion pour attirer les touristes, ça se peut ? C’est ce qui se passe actuellement à Hong Kong et qui indique certainement que tout ne tourne pas rond dans l’annexe capitaliste de la Chine.

Hong Kong fête cette année le 25anniversaire de sa rétrocession par le Royaume-Uni à la Chine, et les célébrations ont été modestes. C’est que l’économie de l’île et de ses territoires a énormément souffert de la politique la plus stricte au monde appliquée par la Chine pour lutter contre la COVID-19.

L’obligation d’une quarantaine à l’hôtel pour tous les visiteurs a jeté l’industrie touristique à terre. En 2019, avant la pandémie, Hong Kong avait accueilli 56 millions de touristes ; ce nombre n’était plus que de 184 000 après les huit premiers mois de 2022, selon des chiffres rapportés par la BBC. La quarantaine obligatoire a été levée à la fin de septembre, mais les visiteurs doivent encore respecter des consignes sévères, dont l’interdiction de fréquenter les restaurants et les bars pendant les trois premiers jours de leur arrivée.

Pour faire revenir les touristes, Hong Kong a annoncé que 500 000 billets d’avion seraient distribués gratuitement en 2023, une fois que toutes les restrictions sanitaires auront été levées. L’Office du tourisme de Hong Kong fera connaître plus tard les modalités de distribution des titres de voyage dont le coût total est estimé à 2 milliards de dollars de Hong Kong (HK), soit environ 260 millions US.

Le secteur touristique de Hong Kong est au plus mal et l’économie ne se porte pas bien non plus. La politique « Un pays, deux systèmes » que mène la Chine dans sa Région administrative spéciale connaît des ratés.

La croissance de l’ancienne colonie britannique a plongé cette année, en raison du ralentissement de l’économie chinoise, de la hausse des taux d’intérêt et de la guerre en Ukraine.

Hong Kong connaît actuellement une récession, sa troisième après celle provoquée par la répression par les autorités des manifestations pour la démocratie en 2019 et celle due à la pandémie en 2020.

Le centre financier encore florissant il n’y a pas si longtemps a perdu de son attrait au profit de son grand rival, Singapour. La population de Hong Kong est en chute libre, ayant perdu près de 200 000 résidants depuis deux ans.

L’exode touche particulièrement les jeunes, qui ont fui soit les restrictions sanitaires trop strictes, soit la mainmise croissante de la Chine sur son nouveau terrain de jeu, soit les deux.

Hong Kong a un nouveau leader, John Lee Ka-Chiu, qui a reconnu dans sa première intervention publique que la situation était assez sérieuse pour justifier ce qui ne s’est pas vu souvent dans ce paradis du capitalisme : une intervention financière de l’État pour attirer des talents et des investissements étrangers.

Une somme de 30 milliards HK (3,8 milliards US) sera consacrée à attirer les entreprises étrangères. Des allègements fiscaux à l’achat d’une propriété résidentielle seront offerts dans une ville où l’immobilier est le plus cher au monde pour attirer les professionnels, mais pas n’importe lesquels. Les professionnels visés sont ceux qui sortent des 100 meilleures universités au monde ou dont le salaire est supérieur à 2,5 millions HK (312 500 $ US), qui peuvent provenir de n’importe où dans le monde.

Le « plus grand ensemble de mesures jamais déployées par la ville pour attirer des talents », selon John Lee Ka-Chiu, pourra réparer une partie du tort causé à l’économie par la politique anti-COVID-19.

La prospérité d’antan, toutefois, pourrait ne jamais revenir si la Chine continue de réduire l’autonomie de son nouveau territoire, ce qui risque de tuer la poule aux œufs d’or.