La Banque du Canada a encore du travail à faire pour mater l’inflation, qui donne des signes d’apaisement, mais qui frappe encore très fort là où ça fait le plus mal, à l’épicerie.

L’indice des prix à la consommation (IPC), qui suit l’évolution du coût d’un panier fixe de biens et de services populaires, a augmenté de 0,1 % entre août et septembre, mais le rythme d’augmentation annuel a légèrement diminué de 7,0 % à 6,9 %. Au Québec, la croissance annuelle de l’IPC est passée de 7,1 % en août à 6,5 % en septembre.

Malgré une baisse des prix de l’essence, l’augmentation importante du prix des aliments achetés en épicerie maintient l’inflation à un niveau plus de trois fois plus élevé que la cible de 2 % visée par la Banque du Canada.

Le prix de l’essence a diminué de 7,4 % en septembre, mais il est toujours en hausse de 13,2 % depuis un an.

Les aliments coûtent 10,5 % de plus qu’il y a un an, poussés par les hausses du prix des produits de boulangerie (+ 14,8 %), des légumes frais (+ 11,8 %), des produits laitiers (+ 9,7 %) et de la viande (+ 7,6 %).

C’est le 10e mois d’affilée que le prix des aliments achetés en magasin est supérieur à l’IPC, qui mesure l’inflation globale.

Selon Statistique Canada, les aliments coûtent plus cher à cause d’un ensemble de facteurs, dont les conditions météorologiques défavorables et l’augmentation des prix des intrants comme l’engrais et le gaz naturel provoquée par la guerre en Ukraine.

Hors énergie et aliments, le taux d’inflation s’établit à 5,4 % en septembre. Les coûts des hypothèques, qui ressentent directement l’impact de la lutte contre l’inflation, ont ajouté 0,1 % à l’inflation globale.

Des signes encourageants

La Banque du Canada suit d’autres mesures de l’inflation que l’IPC global, soit l’IPC-tronq et l’IPC-méd, qui sont restées inchangées en septembre.

Ces deux mesures continuent toutefois de baisser sur une base annualisée de trois mois, ce qui est un signe encourageant, relève le chef de la stratégie macroéconomique de Desjardins, Royce Mendes.

« L’IPC-tronq se situe maintenant à 3,7 % et l’IPC-méd, à 3,5 %, ce qui permet au moins d’espérer que la tendance sous-jacente de la croissance des prix ralentit », analyse-t-il.

Après avoir atteint 8,1 % en juin, le taux annuel d’inflation a baissé à 7 % en août avant de s’établir à 6,9 % en septembre.

Les économistes de la Banque Nationale sont aussi d’avis que la tendance est encourageante. « Les développements positifs sur le front de l’inflation et la modération significative du rythme de l’économie suggèrent que les pressions sur les prix seront moins fortes dans les mois à venir », croient les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme.

L’économie canadienne a enregistré une faible croissance de 0,1 % au cours des mois de juin et de juillet. Depuis le début de 2022, l’économie avance au rythme annuel modeste de 0,7 %, selon Statistique Canada.

La Banque du Canada cherche précisément à ralentir l’économie avec ses hausses de taux d’intérêt, pour calmer l’inflation.

PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, fera le point sur l’évolution de son combat contre l’inflation le mercredi 26 octobre.

Même si la récession guette, M. Macklem a réitéré la semaine dernière son intention de continuer à augmenter les taux d’intérêt.

Une nouvelle augmentation du taux directeur, la sixième depuis le mois de mars, est donc attendue la semaine prochaine. Desjardins s’attend à une hausse d’au moins 75 points, ce qui porterait le taux à 4 %.