La première journée de la « Conférence financière canadienne » organisée par la société d’information économique et financière Bloomberg a mobilisé une vingtaine de dirigeants d’entreprises d’envergure dans divers secteurs d’activité. La Presse a extrait quelques faits saillants de ces discussions tenues par webconférence depuis les bureaux de Bloomberg à Montréal et à Toronto.

L’immobilier montréalais profite de l’économie du savoir

Le marché de l’immobilier résidentiel multi-logements à Montréal est l’un des plus dynamiques et des plus intéressants au Canada, de l’avis de Michael Emory, président et chef de la direction d’Allied Properties. Cette entreprise d’investissements à revenus en immobilier gère 11,6 milliards en actifs et vaut 3,5 milliards à la Bourse de Toronto.

« Le nombre élevé de développements résidentiels multi-logements qui se réalisent à Montréal témoigne de son succès grandissant auprès des entreprises et des organisations de l’économie du savoir », a indiqué M. Emory lors de la conférence canadienne de Bloomberg.

« Dans les quartiers centraux de Montréal, l’économie du savoir concerne maintenant une population de près de 300 000 personnes de niveau de scolarité et de revenu supérieurs qui alimentent la demande de logements et de services de qualité. »

La « course sans fin » de la numérisation de l’économie

« La transformation numérique de l’économie n’en est encore qu’à ses débuts malgré l’ampleur et l’accélération des investissements en ce sens parmi les entreprises et les organisations d’envergure », selon George Schindler, président et chef de la direction de CGI. Dirigée de Montréal, cette entreprise multinationale de services-conseils en informatique de gestion gère 15 milliards en actifs et vaut 25 milliards à la Bourse de Toronto.

D’où vient ce constat de M. Schindler ?

D’une part, seulement le quart de notre clientèle internationale de grandes entreprises et d’organisations nous dit avoir déjà réalisé le plein potentiel de rendement de ses investissements en numérisation de ses activités.

George Schindler, président et chef de la direction de CGI

« D’autre part, un nombre croissant de dirigeants de ces entreprises constatent que, pour demeurer en avance concurrentielle sur leurs semblables, la numérisation de leurs activités s’apparente de plus en plus à une course sans fin. »

Une « récession sévère » en vue au Canada ?

Au lieu d’une « récession modérée » l’an prochain, c’est plutôt vers une « récession sévère » que se dirigerait l’économie canadienne à l’horizon 2024, anticipe Earl Davies, directeur principal des Marchés monétaires et revenus fixes chez Gestion d’actifs mondiaux BMO, une filiale de la Banque de Montréal.

« La raison principale pour laquelle je m’attends à une récession plus sévère au Canada en 2024 découle de la vigueur de plus en plus étonnante du marché de l’emploi en dépit des signaux d’un net ralentissement de la demande de biens et services, en conséquence de l’inflation élevée et de la forte hausse des taux d’intérêt », a précisé M. Davies lors de la conférence canadienne de Bloomberg.

« Une telle conjoncture augure d’un risque de soudaine correction du marché de l’emploi et d’un autre gros coup de frein dans l’économie canadienne après que les employeurs auront réalisé, en cours d’année 2023, qu’ils doivent rattraper leur retard à ajuster leurs budgets de revenus et de dépenses à une économie déjà très ralentie. »

Encore plus de cuivre pour réaliser « l’électrification massive »

Les approvisionnements de cuivre dans le monde devront être doublés d’ici quelques années afin de répondre à la demande suscitée par « l’électrification massive » de l’économie en vue d’atteindre les objectifs de carboneutralité en 2050, selon Bryce Hamming, chef de la direction financière chez Taseko Mines. Cette société minière gère 1,2 milliard en actifs en Amérique du Nord et vaut 443 millions à la Bourse de Toronto.

PHOTO MARTIN BERNETTI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La mine de cuivre Chuquicamata, à Calama, au Chili

« Une telle croissance des approvisionnements représente une très grosse commande d’une amplitude jamais vue dans l’industrie minière, a affirmé M. Hamming lors de la conférence canadienne de Bloomberg. Et c’est sans compter les énormes défis environnementaux que ça pourrait impliquer, alors que les capitaux requis pour réaliser ces projets sont déjà disponibles dans la perspective de prix du cuivre à des niveaux record pour l’avenir prévisible. »

Relever les défis d’alimentation mondiale avec l’agro-tech

La production de plusieurs aliments de base, comme les céréales, devra être doublée d’ici 2050 pour nourrir adéquatement une population mondiale alors prévue à hauteur de 10 milliards de personnes, selon Ken Seitz, président et chef de la direction de Nutrien.

Cette entreprise est le plus gros producteur mondial de minéraux de fertilisation en agriculture.

« Étant donné la disponibilité limitée de nouvelles terres propices à l’agriculture céréalière, et l’impact des changements climatiques, le principal défi à relever pour soutenir une telle croissance de la production est de poursuivre l’amélioration du rendement des cultures grâce aux avancées en agro-technologies », a indiqué M. Seitz lors de la conférence canadienne de Bloomberg.