Même si l’inflation commence à donner des signes d’apaisement, la Banque du Canada continue son combat contre la hausse des prix en relevant son taux directeur de 75 points de base, à 3,25 %.

Cette cinquième hausse consécutive du taux directeur était attendue, et d’autres sont encore à venir, a indiqué la banque centrale. « Compte tenu des perspectives d’inflation, le Conseil de direction juge encore que le taux directeur va devoir augmenter davantage », dit son communiqué.

Le taux d’inflation a légèrement baissé de 8,1 % en juin à 7,6 % en juillet, mais cette diminution était essentiellement due à la baisse des prix de l’essence et les autres indicateurs de prix continuent d’augmenter. « Abstraction faite de l’essence, l’inflation s’est accrue et les données indiquent que les pressions sur les prix se sont généralisées davantage, particulièrement du côté des services », souligne la Banque du Canada.

Les coups de sonde de la banque centrale lui indiquent que les attentes d’inflation restent élevées. Au deuxième trimestre, l’économie affiche une croissance de 3,3 %, ce qui est inférieur aux prévisions de la Banque du Canada. L’économie reste solide, constate-t-elle, et les marchés du travail sont tendus.

« La consommation a progressé d’environ 9 ½ % et les investissements des entreprises, de près de 12 % », observe la banque.

Le marché du logement a commencé à se refroidir, comme prévu, après avoir connu une « croissance insoutenable » durant la pandémie, note aussi le communiqué. La Banque du Canada s’attend à ce que l’économie canadienne continue de ralentir, « à mesure que la demande mondiale s’affaiblira et que le resserrement de la politique monétaire ici, au Canada, commencera à ramener la demande à un niveau plus comparable à celui de l’offre ».

La banque centrale assure encore que sa politique s’ajustera en conséquence. « À mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire deviendront plus évidents dans l’économie, la banque évaluera jusqu’où il faudra encore relever les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à la cible (de 2 %) ».

La prochaine annonce du taux directeur est le 26 octobre.

Freeland insiste sur l’indépendance

En marge de la retraite du cabinet libéral à Vancouver, où l’économie a été identifiée comme la priorité des priorités, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas voulu commenter spécifiquement cette nouvelle hausse de taux.

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La ministre des Finances, Chrystia Freeland

« Ce n’est pas mon travail de faire le travail de la Banque. Et je pense que c’est important que les Canadiens sachent que la Banque a le mandat, les outils, et l’expertise, pour s’attaquer à l’inflation que nous subissons en ce moment », a-t-elle argué.

« Ce que je veux dire, c’est que je considère que l’indépendance de la Banque du Canada constitue l’un des piliers institutionnels fondamentaux au pays. Et je n’ai pas l’intention de compromettre cela », a-t-elle ajouté dans ce qui semble une attaque voilée dirigée vers Pierre Poilievre.

Car celui qui devrait être couronné chef du Parti conservateur du Canada samedi prochain, n’a pas ménagé ses attaques contre l’institution, qu’il accuse sur toutes les tribunes d’avoir « imprimé de l’argent ». Il a aussi promis de montrer la porte à son actuel gouverneur, Tiff Macklem, s’il est élu premier ministre.

En attendant, dans le camp conservateur, on a déploré cette nouvelle hausse, en affirmant que Justin Trudeau et « ses alliés du NPD » en sont les architectes « en raison de la poursuite de leur programme irresponsable de taxation et de dépenses ».