Un trio Big Mac goûte peut-être la même chose à Montréal et à Pékin, mais il ne coûte pas la même chose à Saint-Sauveur ou à Lévis. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le même article ne se vend pas toujours le même prix dans les succursales d’une grande chaîne. Analyse des prix et explications.

Le Big Mac plus cher à Lévis

Si vous êtes en vacances à Saint-Sauveur, à Lévis ou dans le quartier touristique du Vieux-Montréal, votre arrêt au McDonald’s ne vous coûtera pas le même prix. C’est ce qu’a constaté La Presse en analysant le prix du trio Big Mac. Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, le trio se vend plus cher à Lévis (10,99 $) que dans le Vieux-Montréal (10,69 $) et même qu’à côté du Centre Bell (10,29 $).

« On s’attend généralement à une forme d’uniformisation des prix dans les commerces d’une même bannière pour éviter une compétition injuste entre les différents détaillants, affirme au téléphone Yany Grégoire, titulaire de la Chaire de commerce Omer DeSerres à HEC Montréal. C’est d’ailleurs la meilleure pratique à adopter. Les prix sont généralement très uniformes en ligne et en magasin, parce qu’on veut éviter aussi la compétition entre nos propres canaux. »

PHOTO FOURNIE PAR HEC MONTRÉAL

Yany Grégoire, titulaire de la Chaire de commerce Omer DeSerres à HEC Montréal

S’il y a des différences, il faut que ce soit bien justifié par les coûts plus élevés de loyer et d’approvisionnement. Une maison-mère qui ne le ferait pas aurait de la difficulté à trouver des franchisés.

Yany Grégoire, titulaire de la Chaire de commerce Omer DeSerres à HEC Montréal

McDonald’s Canada a refusé d’expliquer les raisons de la différence de prix.

Jusqu’à 5 $ de différence

En observant La Presse noter les prix d’une vingtaine d’articles dans un Pharmaprix de Montréal, un client s’est étonné de la démarche : « Quoi ? Les prix ne sont pas les mêmes d’un Pharmaprix à l’autre dans une même région ? »

Ce client, qui souffrait de brûlements d’estomac, aurait d’ailleurs payé ses Tums 1 $ moins cher (13,49 $ au lieu de 14,49 $) dans un autre Pharmaprix situé 600 m de là dans la même rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal. Force est de constater qu’il est plus économique de souffrir de maux d’estomac sur la Rive-Sud, même si le prix n’est pas identique dans les deux commerces de Boucherville (11,99 $ et 12,99 $).

Faire l’amour coûte plus cher à Montréal

Si l’envie soudaine de faire l’amour survient, il est préférable que ce soit sur la Rive-Sud. Dans les deux Pharmaprix de Montréal, la boîte de condoms Trojan point G format économique se vend 24,99 $, tandis qu’à Saint-Bruno-de-Montarville, elle se détaille à 22,99 $.

Lors de nos visites dans six Pharmaprix le 23 juin, l’écart de prix le plus grand a été observé pour le pot de crème Aveeno baby soin de l’eczéma. Il coûte 5 $ de plus à Montréal que sur la Rive-Sud.

Cependant, le Tempra était en solde dans les deux commerces de Montréal à 5,99 $ au lieu de 9,99 $. Pour ce produit aussi, le prix courant n’est pas le même partout. Si votre enfant fait de la fièvre à Boucherville, ce sera moins cher (8,79 $).

« Nous fixons les prix réguliers des items par zones, celles-ci étant déterminées en fonction d’un certain nombre de facteurs incluant notamment la concurrence locale, la performance générale de la succursale ou si elle est située dans un centre commercial, par exemple », explique par courriel Johanne Héroux, directrice principale des affaires corporatives et communications chez Loblaw, propriétaire des Pharmaprix.

Un gestionnaire de succursale peut, pour plusieurs raisons, choisir de réduire le prix de certains articles. Par exemple, il peut apposer une réduction lorsqu’un produit approche de sa date d’expiration, pour liquider un inventaire important, ou si un changement de marchandisage est prévu dans sa succursale.

Johanne Héroux, directrice principale des affaires corporatives et communications chez Loblaw

« Que ce soit plus cher sur la rue Sainte-Catherine n’est pas surprenant, analyse Yany Grégoire. Ce qui détermine le prix, c’est le coût de location du loyer et la volonté de payer des gens. Dans un aéroport où on est captif, par exemple, on est prêt à payer plus cher le café Starbucks. On peut penser que sur Sainte-Catherine, la clientèle touristique est prête à payer davantage. »

Une poêle 240 $ plus cher

Dans les cinq Canadian Tire visités par La Presse, il a fallu chercher pour trouver des différences de prix entre les succursales. Si le prix d’un sac de couchage varie lorsqu’il est en solde de 44,97 $ à Montréal jusqu’à 49,97 $ à Longueuil, ça ne vaudra pas le coût de faire des kilomètres.

Toutefois, lorsque la même poêle se vend 109,97 $ en solde à Longueuil, 149,97 $ en solde à Boucherville et 269,99 $ au prix courant à Saint-Bruno-de-Montarville, vous aurez peut-être envie de faire 30 km pour épargner 160 $. Et pour ce qui est de la faire livrer chez vous ? Sur le site internet de la chaîne, la même poêle Paderno Signature canadienne 32 cm est affichée à 349,99 $. Vous avez bien lu !

Il y a des réalités locales et personnelles. Si le franchisé indépendant a acheté beaucoup de sacs de couchage, que ce n’est pas un bon vendeur et qu’il lui en reste beaucoup, il sera tenté de baisser plus le prix.

Yany Grégoire, titulaire de la Chaire de commerce Omer DeSerres à HEC Montréal

Questionnés à ce sujet dans les différents Canadian Tire, les employés ont expliqué que les rabais étiquettes rouges étaient souvent différents d’une succursale à l’autre. « Nos magasins sont détenus et exploités de façon indépendante par des marchands associés, confirme Cindy Hoffman, directrice des communications. Ils peuvent vendre des produits à des prix inférieurs aux prix indiqués en ligne ou dans la circulaire et peuvent proposer des offres spéciales en magasin à leur discrétion. »

« Afin d’assurer que nos clients obtiennent le meilleur prix possible, nous avons mis en place notre garantie du meilleur prix qui permet aux magasins d’égaler un prix inférieur trouvé sur un article identique chez des concurrents locaux, y compris d’autres magasins de détail Canadian Tire », assure la directrice des communications.

À la recherche du juste prix

Notre journaliste a visité différentes succursales de trois grandes chaînes pour comparer les prix.