(Québec) Les probabilités qu’une récession frappe le Québec sont à la hausse et atteignent maintenant 50 %, prévient le premier ministre François Legault. L’opposition officielle demande le dépôt d’un « budget d’urgence » avant les élections.

Qu’est-ce qu’une récession ?

Une récession est un recul de l’activité économique, mesurée par le produit intérieur brut, pendant au moins deux trimestres consécutifs. Elle se caractérise par une augmentation importante du taux de chômage et une baisse marquée de la consommation et des investissements qui peut durer quelques mois ou plusieurs années.

Pour en savoir plus sur l’a b c de la récession, consultez l’article « Après l’inflation, la récession ? »

« Je pense qu’on est peut-être rendu à 50-50. En augmentant les taux d’intérêt, ça rend les investissements des entreprises moins intéressants, il y a un risque de freiner l’économie, la croissance économique », a affirmé M. Legault lors d’un point de presse diffusé à TVA en marge d’une tournée sur la Côte-Nord.

M. Legault est plus pessimiste que son ministre des Finances Eric Girard, qui estime plutôt que « la probabilité d’une récession est de l’ordre de 35 % ». Il a fait cette estimation en journée. En mars, les chances d’un recul de l’activité économique québécoise étaient plutôt évaluées à 25 % par M. Girard et les prévisionnistes du ministère des Finances.

« Il y a eu un rebond synchronisé de l’économie mondiale et ça, ça amène des tensions inflationnistes. Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt pour resserrer les conditions monétaires. En même temps, les actifs financiers réagissent, et ça, ça va ralentir l’économie », a expliqué M. Girard. Il se faisait toutefois plus rassurant que le premier ministre. « Le scénario le plus probable pour 2023, ce n’est pas une récession. […] il y a deux fois plus de chances que nous ayons une bonne croissance en 2023 », a-t-il souligné.

Le ministre des Finances souligne qu’il en saura davantage à la fin de l’année. C’est à ce moment que l’on pourra savoir si la hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada réussira à ralentir l’inflation. Si ce scénario se concrétise, « ça va nous permettre d’éviter une récession », a-t-il indiqué.

Inflation

Son collègue ministre de l’Énergie, Jonatan Julien, a affirmé de son côté que beaucoup de citoyens s’inquiètent de la situation économique. « On en discute, en réalité, de l’inflation, du coût de la vie. On le vit, on n’est pas désincarnés de ça. On s’en fait parler un peu partout où on va », a-t-il reconnu.

« Je ne suis pas économiste, je suis comptable, mais on voit les choses aller. On voit la Banque du Canada qui augmente ses taux et qui annonce d’autres augmentations de taux. Ce qui va avoir un effet nécessairement bénéfique pour l’inflation, mais qui a des effets pervers sur le coût des hypothèques », a ajouté M. Julien.

Le PLQ réclame un budget d’urgence

Le député libéral Carlos Leitão demande de son côté un « budget d’urgence » pour faire face à la situation économique, qu’il juge critique. « Il faut agir maintenant en anticipation de cette récession ou ce fort ralentissement qui s’en vient », affirme-t-il en entrevue.

Photo Édouard Plante-Fréchette, archives LA PRESSE

Le député libéral Carlos Leitão

M. Leitão estime que le ministre Girard a toutes les données des comptes publics qui lui permettent de savoir que le déficit anticipé est moins élevé que prévu et qu’il a « les moyens d’agir ». L’ex-ministre des Finances, qui ne sollicitera pas un nouveau mandat, sait très bien ce qu’il ferait s’il était aux commandes des Finances.

Il baisserait immédiatement les impôts des Québécois pour « aider le budget des familles maintenant » et il augmenterait l’allocation des aînés. Il mettrait également de l’avant des mesures de rétention de la main-d’œuvre.

« Le risque de récession est bien réel, il est temps que M. Girard l’admette. La probabilité de récession augmente, l’inflation augmente, et les banques centrales, on le voit aujourd’hui avec la Réserve fédérale américaine, augmentent leurs taux d’intérêt », dit-il.

Il est inévitable, dit-il, que cette hausse de taux ralentisse l’économie du Québec. « Pour la vie de tous les jours, même s’il n’y a pas techniquement une récession, il y aura un ralentissement soudain et rapide de l’économie, accompagné d’une hausse de l’inflation. Les gens vont se sentir de plus en plus coincés par ces deux facteurs qui vont venir mettre de la pression sur le budget familial. Ce n’est pas agréable du tout », a ajouté M. Leitão.