L’économie canadienne a tenu bon en mars, pour finir le trimestre avec une croissance annualisée de 3,1 %, ce qui milite en faveur d’une troisième hausse du taux directeur ce mercredi.

« Une croissance de 3,1 % du PIB est respectable, d’autant que le premier mois de l’année a été freiné par les mesures sanitaires », ont commenté les économistes de la Banque Nationale après la publication des plus récentes données de Statistique Canada sur l’évolution de l’économie.

En mars, l’économie canadienne a crû de 0,7 %, bouclant les trois premiers mois de l’année à un rythme annuel de 3,1 %. C’est très inférieur aux attentes, qui dépassaient les 5 %, mais le portrait est quand même positif. La demande intérieure, notamment les dépenses de consommation et les investissements résidentiels, a tiré l’économie depuis le début de l’année. Les investissements non résidentiels, notamment au Québec, ont contribué à la croissance.

Même si la plupart des programmes d’aide fédérale ont pris fin, le taux d’épargne des ménages continue d’augmenter et reste supérieur à son niveau d’avant la crise, ce qui leur donne un coussin pour affronter l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.

Les estimations préliminaires de Statistique Canada pointent vers une croissance plus modeste de 0,2 % pour le mois d’avril.

À 3,1 %, le rythme de croissance actuel de l’économie est aligné sur la prévision de la Banque du Canada dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire (3 %).

Depuis la publication du Rapport sur la politique monétaire le 13 avril, pratiquement tous les indicateurs économiques ont renforcé la nécessité d’avoir des taux d’intérêt plus élevés.

Jocelyn Paquet, économiste de la Banque Laurentienne

Comme plusieurs de ses collègues, l’économiste s’attend à ce que la Banque du Canada augmente ses taux pour la troisième fois, de 50 points de base, ce mercredi.

« Rien dans le rapport d’aujourd’hui [sur le PIB] ne permet à la banque centrale de ralentir sa vigueur à court terme », croient aussi les économistes de la Banque Nationale.

Vers une décélération de l’inflation

Le taux directeur pourrait donc passer de 1 % à 1,5 % pour tenter de ralentir une inflation toujours galopante, à 6,8 % en avril.

À la Banque Laurentienne, les prévisionnistes sont d’avis que l’inflation pourrait avoir atteint un sommet en avril, pour commencer sa décélération.

Aux États-Unis, les prix continuent de grimper, mais le rythme de l’augmentation a ralenti en avril. Les prix ont progressé de 6,6 % en mars, comparativement à un bond de 6,3 % en avril.

Si la plupart des observateurs s’attendent à ce qu’une quatrième hausse de taux de la Banque du Canada soit nécessaire en juillet, la suite est moins claire. Une pause est possible, parce que le marché immobilier, notamment, semble réagir rapidement à l’augmentation du coût de l’argent. « Un changement de ton [de la banque centrale] est probable par la suite, car le recul des activités dans les secteurs sensibles aux taux d’intérêt refroidira l’économie », estime Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne, chez Desjardins.

Croissance dans plusieurs secteurs

Selon Statistique Canada, les dépenses des ménages ont augmenté de 0,8 % au premier trimestre, enregistrant une troisième augmentation trimestrielle consécutive.

Les dépenses en biens durables ont augmenté de 2,6 % au premier trimestre, grâce à une augmentation de 16,1 % des dépenses en véhicules automobiles neufs et à une hausse de 3,5 % pour les camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport neufs.

Cependant, Statistique Canada a noté que malgré les augmentations, les dépenses pour les véhicules automobiles étaient restées inférieures à leurs niveaux prépandémiques, car les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont continué de nuire à ce secteur.

La construction résidentielle a progressé de 4,3 %, les dépenses de rénovation ayant augmenté de 9,3 %, les coûts de revente de 4,6 % et la construction de logements neufs de 0,2 %.

Les investissements des entreprises dans les bâtiments non résidentiels ont augmenté de 2,9 % et ceux dans les machines et le matériel, de 0,9 % au cours du trimestre, tandis que les dépenses en ouvrages de génie ont augmenté de 3,5 %.

Statistique Canada a également indiqué que la rémunération des employés avait augmenté de 3,8 % sur une base nominale pour le trimestre. En excluant le troisième trimestre de 2020, l’agence fédérale a noté qu’il s’agissait de la plus forte augmentation trimestrielle depuis le deuxième trimestre de 1981.

Avec La Presse Canadienne