(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, refuse de donner un échéancier précis quant à un potentiel retour à l’équilibre budgétaire à Ottawa. Depuis que les libéraux ont pris le pouvoir, en 2015, le gouvernement fédéral a accumulé les budgets déficitaires.

Talonnée à ce sujet par le député conservateur Ed Fast, lundi, durant son témoignage devant le comité des finances de la Chambre des communes, Mme Freeland a affirmé que son dernier budget présenté le 7 avril est un plan budgétaire « responsable » qui prévoit une réduction graduelle du déficit au cours des prochaines années.

Mais la ministre s’est bien gardée de dire quand l’encre rouge cessera de couler à Ottawa.

« L’une des forces de ce budget, c’est la responsabilité fiscale claire. Nous réduisons le déficit. Nous réduisons également la dette par rapport au PIB. Je voudrais souligner également que Standard & Poor’s a confirmé la cote AAA du Canada », a soutenu Mme Freeland.

Irrité, le député Ed Fast a affirmé que sa question ne portait pas sur la cote de crédit du gouvernement fédéral, mais bien sur le retour à l’équilibre budgétaire. « Vous êtes la ministre des Finances. Vous devriez avoir une réponse à cette question », a-t-il dit.

« J’ai donné une réponse très claire. C’est un enjeu important pour les Canadiens. Le budget doit présenter un plan fiscal clair. Le déficit est en train d’être réduit. Nous avons le ratio de la dette par rapport au PIB le plus faible de tous les pays du G7. Une agence de notation a confirmé notre note de crédit », a-t-elle de nouveau fait valoir.

Après avoir enregistré un déficit record de 327,7 milliards en 2020-2021 à cause de la pandémie, le gouvernement fédéral a dû composer avec un manque à gagner de 113,8 milliards durant le dernier exercice financier, qui a pris fin le 31 mars.

Dépenses à venir

Dans son dernier budget, la ministre Freeland prévoit que ce boulet financier atteindra 52,8 milliards de dollars en 2022-2023, et continuera de diminuer au fil des exercices financiers suivants (39,9 milliards en 2023-2024, 27,8 milliards en 2024-2025, 18,6 milliards en 2025-2026 et 8,4 milliards en 2026-2027).

Mais ces projections ne tiennent pas compte de dépenses importantes qui sont prévues dans les Forces armées canadiennes et la Défense nationale au cours des prochaines années, ni d’une hausse des transferts en santé aux provinces, et ne contiennent aucune somme pour la création d’un programme national d’assurance médicaments.

Résultat : l’encre rouge pourrait continuer à couler à flots pendant encore plusieurs années, d’où la prudence de la ministre Freeland à préciser une date de retour à l’équilibre budgétaire.

Durant son témoignage, la ministre des Finances s’est félicitée de la bonne tenue de l’économie canadienne, soulignant que le Canada avait plus que récupéré les emplois qui avaient été perdus durant la pandémie de COVID-19. À preuve, le taux de chômage a atteint un creux historique de 5,3 % en mars, a tenu à rappeler la ministre.

Mme Freeland a également affirmé que le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le Canada enregistrera la croissance économique la plus forte des pays du G7 cette année et en 2023.

« Il nous reste des défis devant nous. L’inflation est un phénomène mondial qui rend les prix des biens plus élevés. Les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont augmenté les prix. L’invasion barbare de la Russie en Ukraine contribue à la hausse des prix des aliments et de l’énergie, ici et ailleurs dans le monde. Cela a une incidence sur les plus vulnérables », a-t-elle indiqué.