(Washington) Les États-Unis et le Royaume-Uni sont parvenus mardi à régler leur contentieux sur l’acier et l’aluminium, mais l’administration Biden n’a pas semblé pressée de reprendre les négociations en vue d’un accord de libre-échange souhaité par le premier ministre britannique Boris Johnson.

La secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo et la représentante américaine au Commerce Katherine Tai ont annoncé mardi avoir trouvé un accord avec Londres pour mettre fin aux droits de douane punitifs sur l’acier et l’aluminium britanniques qui avaient été imposés en 2018 par l’ancien président Donald Trump.

« Cet accord essentiel contribuera non seulement à assurer la viabilité à long terme de nos industries de l’acier et de l’aluminium, à protéger les emplois américains, mais il lèvera aussi les droits de douanes mis en place en rétorsion sur plus de 500 millions de dollars d’exportations américaines vers le Royaume-Uni, y compris les spiritueux, divers produits agricoles et des biens de consommation », ont-elles commenté dans un communiqué commun.

« C’est une excellente nouvelle et un coup de pouce bienvenu pour nos industries de l’acier et de l’aluminium », a réagi Boris Johnson dans un tweet.

Concrètement, ce nouvel accord va permettre d’importer « des volumes historiques et durables de produits britanniques en acier et en aluminium sans l’application des tarifs de l’article 232 », ont détaillé les responsables américaines.

« À travers les États-Unis, les distillateurs célèbrent la fin de ce long cauchemar tarifaire », a réagi le Distilled Spirits Council, organe de représentation de l’industrie américaine des spiritueux.

Le whiskey américain faisait ainsi l’objet de droits de douane de 25 % au Royaume-Uni.

L’annonce a été faite à l’issue d’une visite de deux jours aux États-Unis de la ministre britannique du Commerce international Anne-Marie Trevelyan.

Américains et Britanniques avaient annoncé en janvier le lancement de tractations pour mettre fin à ce contentieux hérité de l’ère Trump et qui polluait les relations entre les deux pays depuis près de quatre ans.

Le Royaume-Uni faisait partie des nombreux pays qui s’étaient vu imposer des droits de douane additionnels de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium en juin 2018.

Si l’administration Biden avait déjà trouvé des accords avec l’Union européenne dès octobre, puis avec le Japon début février, une solution négociée se faisait attendre pour Londres.

Cet accord permettra ainsi d’assainir les relations entre les deux pays qui avaient déjà réglé, peu après l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, leur autre grand différend qui concernait les subventions aux constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus.

Anne-Marie Trevelyan a dit espérer que cet accord permette « d’aller de l’avant » et de se « concentrer sur l’approfondissement de nos relations commerciales florissantes avec les États-Unis ».

Il fait toutefois pâle figure par rapport au grand accord de libre-échange que souhaite Boris Johnson.

La signature d’un traité bilatéral avec les États-Unis était l’une des priorités des Britanniques après le Brexit, effectif depuis le 1er janvier 2021.

Mais si l’administration de Donald Trump (2017-2021) était disposée à nouer un accord bilatéral avec Londres et avait même mené une série de négociations, l’administration Biden a laissé mourir le processus.

En outre, les États-Unis ont conditionné un potentiel accord au strict respect de l’accord de paix en Irlande du Nord.

« Un certain temps »

Mardi, Mme Trevelyan a reconnu que cela faisait « un certain temps » que Londres cherchait à nouer un accord avec Washington et a ajouté que son gouvernement ne s’avouait pas vaincu.

La ministre britannique a souligné que l’enjeu n’était pas seulement d’éliminer les droits de douane, mais aussi de « construire une relation commerciale du 21e siècle entre deux grandes nations qui ont des valeurs communes ».

De son côté, Mme Tai a appelé à faire preuve de « créativité » en matière d’outils commerciaux, laissant entendre qu’un accord n’était pas à l’ordre du jour.

Plus tôt mardi, Marjorie Chorlins, vice-présidente chargée des affaires européennes à la Chambre de commerce américaine – l’organisme qui défend les entreprises américaines – avait souligné qu’il y avait « un désir partagé de trouver des moyens d’améliorer la relation ».

« Je ne pense pas que ce sera par un traité de libre-échange, du moins pas de sitôt », avait-elle toutefois déclaré.

Mme Trevelyan et Mme Tai ont annoncé qu’elles poursuivraient leur dialogue commercial « en avril, en Écosse » cette fois.

« Je ne veux pas préjuger ou prédéterminer […] où ces dialogues nous mèneront », a néanmoins tempéré Katherine Tai.