(New York) Les craintes sur l’approvisionnement en gaz provenant de Russie faisaient flamber son cours en Europe à un nouveau record historique vendredi, tandis que les prix du pétrole et des métaux repartaient en forte hausse.

La crainte de perturbations des exportations en provenance de Russie, qui fournit 40 % des importations de gaz européen, faisait grimper la référence du marché en Europe, le TTF néerlandais, à un nouveau record, à 213 895 euros le mégawattheure (MWh).

Le gaz britannique pour livraison le mois prochain a également atteint un nouveau sommet historique à 508,80 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur).

Le conflit embrase désormais toute l’Ukraine, et des bombardements ont touché la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Les autorités ukrainiennes ont indiqué qu’un incendie avait touché un laboratoire et un bâtiment de formation, avant d’être éteint, et précisé qu’aucune fuite radioactive n’avait été détectée.

Deux sessions de pourparlers n’ont pas abouti à un arrêt des combats, même si les parties ont convenu de mettre en place des « couloirs humanitaires » pour l’évacuation des civils.

« À notre avis, le marché tient désormais pour acquis qu’un gazoduc très important qui passe à travers l’Ukraine va être endommagé par les combats », juge Ole Hvalbye, analyste chez SEB.

Pour l’instant, les sanctions économiques de l’Occident évitent le secteur russe de l’énergie, mais les acheteurs se sont détournés de cette source de brut, craignant un nouveau tour de vis.

Le baril de Brent de la mer du Nord a clôturé vendredi à 118,11 dollars, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis août 2008, en hausse de 6,92 % sur la séance.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il y a huit jours, le Brent a pris 21,9 %.

A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en avril, a lui fait un bond de 7,43 % vendredi, pour terminer à 115,68 dollars, une première depuis septembre 2008.

Pas de répit iranien

Les cours de l’or noir n’auront donc connu qu’une courte accalmie jeudi soir et en début de séance vendredi.

Un espoir avait éloigné le prix du brut de ses sommets jeudi « avec des informations de presse faisant état d’un accord imminent sur le nucléaire iranien, ce qui ajouterait des barils sur le marché », explique Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Les diplomates européens qui négocient à Vienne sur le dossier nucléaire iranien vont retourner dans leurs capitales respectives pour des consultations, a annoncé vendredi la cheffe de la délégation britannique, estimant un accord à portée de main.

Pour le marché du pétrole, un accord signifierait que les sanctions américaines seraient levées, permettant aux exportations iraniennes de compenser en partie le brut russe.

Les analystes s’inquiètent des conséquences de l’envolée des cours des matières premières et de l’énergie pour les ménages comme pour les entreprises, alors que l’inflation était déjà galopante avant l’offensive russe en Ukraine, à cause des conséquences de la pandémie de COVID-19 et d’une crise de logistique mondiale.

« On atteint des niveaux où les industries qui consomment le plus d’électricité vont commencer à diminuer leur demande » en réduisant leurs activités, « ce qui va conduire à une croissance diminuée alors même que l’inflation augmente », s’inquiète Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Outre le gaz, sur la Bourse des métaux de Londres (LME), l’aluminium a atteint un nouveau sommet historique à 3859,50 dollars tandis que le nickel a grimpé à un plus haut depuis 2008 à 30 295 dollars la tonne.

La Russie est un important producteur de ces deux métaux.