(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Industrie doit rencontrer à la fin du mois des chefs d’entreprises qui cherchent désespérément des solutions pour faciliter la circulation des marchandises à la frontière et dans tout le pays.

François-Philippe Champagne a accepté de rencontrer un consortium de chefs d’entreprises et d’exportateurs, qui avait invité le ministre juste avant les Fêtes pour discuter des difficultés actuelles dans les chaînes d’approvisionnement.

La coalition de 18 associations d’entreprises note que plusieurs des problèmes qui frappent actuellement les chaînes d’approvisionnement au Canada existaient déjà avant la pandémie, mais que la COVID-19 a durement exposé ces failles.

La coalition demande au gouvernement fédéral d’accélérer les dépenses en infrastructures de commerce et de transports, mais aussi de se coordonner avec les États-Unis et le Mexique pour renforcer la capacité industrielle de l’Amérique du Nord, afin de réduire la dépendance aux marchandises venant d’outre-mer.

Le ministre Champagne a indiqué mercredi qu’il attend avec impatience ces pourparlers, prévus pour la fin du mois. Il souligne aussi les travaux en cours avec les ports et les grandes plateformes de transit afin d’éviter que des goulots d’étranglement n’étouffent le flux de marchandises au Canada.

Le ministre a également déclaré qu’il avait eu des entretiens avec la Maison-Blanche et la Commission européenne pour déterminer où et comment les alliés s’approvisionneraient en fournitures essentielles, comme les vaccins, au cours des prochaines décennies.

Les défauts dans la façon dont le pays a organisé ses chaînes d’approvisionnement sont devenus apparents au début de la pandémie alors que les gouvernements, les entreprises et les ménages avaient des difficultés, par exemple, à s’approvisionner en équipements de protection individuelle.

« Ce que j’essaie de voir avec mes collègues, c’est si nous pouvons cartographier le type d’approvisionnement critique dont nous aurons besoin et travailler avec des partenaires de confiance dans le monde entier pour construire des chaînes d’approvisionnement très résilientes », a déclaré M. Champagne lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes mercredi après avoir annoncé plus de 550 millions en financement pour les chercheurs canadiens.

« Je les vois passer du mondial au régional, où l’accent est mis davantage sur la résilience que sur l’efficacité. »

Renforcer la résilience du secteur

Les hauts fonctionnaires fédéraux cherchent à renforcer la résilience du secteur depuis l’automne 2020, selon des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

Une présentation lors d’une réunion de sous-ministres en septembre 2020 a noté des vulnérabilités telles que le modèle de livraison juste à temps et la « faible capacité de stockage » dans des secteurs comme la fabrication et la vente au détail.

L’approche envisagée par les sous-ministres était de réduire les risques commerciaux en diversifiant les origines des biens, « y compris les alternatives régionales », de renforcer les capacités de production et de stockage nationales, en particulier pour les « biens critiques » comme les équipements de protection, les vaccins et les aliments, et « d’accélérer la numérisation et l’adoption par l’industrie de technologies de résilience de la chaîne d’approvisionnement ».

Parmi les sommes investies en recherche que le ministre Champagne a annoncées mercredi, il y a une subvention de 24 millions aux chercheurs de l’Université Queen’s qui explorent une nouvelle façon de recouvrir les surfaces métalliques et de les protéger de la rouille, prolongeant ainsi leur durée de vie et permettant d’économiser des milliards sur les réparations d’infrastructures.

La chercheuse en chef Cathleen Crudden a noté comment les problèmes de chaîne d’approvisionnement peuvent affecter la livraison des matériaux dont elle et d’autres chercheurs ont besoin pour leur travail.

Elle a indiqué que son projet pourrait également aider le Canada à construire une chaîne d’approvisionnement plus résiliente pour les puces à semi-conducteurs en impliquant davantage le pays dans leur fabrication.

« Il est important non seulement d’être un destinataire de la technologie, mais d’être un contributeur, a déclaré Mme Crudden. Ce travail contribuera en fait à faire entrer le Canada dans les méthodes de pointe pour la fabrication de semi-conducteurs. »

Certains espéraient que les problèmes commerciaux qui se sont intensifiés depuis l’automne culmineraient avec le changement vers 2022 avant de se résoudre au printemps, mais maintenant ces espoirs sont confrontés à un vent contraire d’Omicron.

Le variant qui se propage rapidement a fait grimper les taux d’absentéisme dans les entreprises qui ont commencé à ralentir la production de biens déjà en forte demande, a déclaré Dennis Darby, le PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, qui préside également la coalition d’associations qui doit rencontrer M. Champagne.

« Les enjeux se superposent », a déclaré M. Darby.

« Nous savons qu’il y aura des problèmes de chaîne d’approvisionnement, mais nous avons pensé qu’ils auraient dû commencer à s’atténuer, a-t-il dit. Et puis voilà, Omicron arrive. »

Lors de la réunion avec le ministre Champagne, M. Darby a mentionné que son groupe souhaitait trouver des solutions à la chaîne d’approvisionnement et s’assurer que le gouvernement ne manque pas une occasion d’apporter des correctifs à long terme.