(Washington) Le déficit commercial des États-Unis a atteint un plus haut historique en mars, en raison d’une forte demande intérieure qui accroît le volume des importations. Et, il pourrait se creuser davantage dans les mois à venir, la reprise du pays étant plus rapide que celles de ses partenaires notamment européens.

Le mois dernier, le déficit commercial a atteint 74,4 milliards de dollars, en hausse de 5,6 % par rapport aux données du mois précédent, avec des importations en hausse de 6,3 % à 274,5 milliards de dollars et des exportations en rebond de 6,6 % à 200 milliards de dollars.  

La pandémie de COVID-19 avait mis un coup d’arrêt aux échanges de marchandises à travers le monde. Et la première puissance économique mondiale n’avait pas été épargnée par le ralentissement.

Mais la consommation américaine est repartie, ces derniers mois, stimulée par les plans d’aide de l’administration Biden qui a distribué des millions de chèques aux Américains.

Signe de la reprise américaine, pour l’ensemble du premier trimestre, le déficit des biens et services a bondi de 64,2 %, par rapport à la même période en 2020 avec des importations qui ont augmenté de 62,2 milliards de dollars (+8,5 %).

Chine mise à part, la reprise ailleurs dans le monde a été plus poussive si bien que les exportations se redressent plus lentement. Au premier trimestre, elles étaient encore en déclin de 3,5 % comparé au premier trimestre 2020 qui comptait deux mois complets avant la propagation de la pandémie aux États-Unis.

Parmi les exportations en hausse en mars, les fournitures et les matériaux industriels, les biens d’équipements ou encore les biens de consommation.  

Côté importations, la demande a été forte pour les téléphones portables, les voitures et pièces du secteur automobile ou encore pour les jouets et les meubles.

C’est la Chine qui a profité de la consommation domestique américaine : le déficit des seuls biens avec le géant asiatique a ainsi bondi de 22,1 % en un mois et de 50 % sur le trimestre.

Tourisme toujours à la peine

« Nous prévoyons que la demande intérieure continuera de stimuler les importations à court terme et que les exportations nettes constitueront à nouveau un frein à la croissance au deuxième trimestre », a commenté Rubeela Farooqi, économiste en chef chez HFE.

Elle estime néanmoins que « les flux commerciaux devraient commencer à se rééquilibrer une fois que l’économie mondiale rouvrira plus complètement ».

L’un des principaux freins aux exportations reste les restrictions sur les voyages.  

Le secteur du tourisme montre des signes de redémarrage grâce à la reprise des séjours aux États-Unis, mais, sans l’apport des touristes étrangers, le secteur reste à la peine et les exportations de services de voyage aussi.  

Face à la propagation rapide dans le monde du nouveau coronavirus, l’administration Trump avait fermé les frontières américaines mettant un coup d’arrêt aux déplacements à l’international.

La plupart de ces restrictions, notamment avec l’Europe, n’ont pas été levées par l’administration Biden dont la priorité est de contrôler totalement la pandémie.

De son côté, Oren Klachkin, économiste chez Oxford Economics note que « les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et des transports vont continuer de ralentir les flux commerciaux ». Mais il estime que « ces défis se résoudront progressivement à mesure que la santé et les conditions économiques mondiales s’amélioreront ».

Le département du Commerce a par ailleurs révisé en baisse le déficit commercial du mois de février à 70,5 milliards contre 71,1 milliards annoncé précédemment.