L’année 2020 a été particulière à plusieurs égards et les statistiques qui en rendent compte sont à l’avenant. Des hausses record succèdent aux baisses record dans presque tous les secteurs économiques. C’est ce qui s’est passé avec l’investissement des entreprises à l’étranger, qui a connu une année hors norme.

En 2020, les investissements directs à l’étranger se sont littéralement effondrés, selon le rapport que vient de publier la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED ou UNCTAD en anglais).

La baisse atteint 42 %, une chute plus prononcée que celle qui a suivi la crise financière de 2008-2009.

L’investissement direct à l’étranger inclut l’investissement dans de nouveaux projets, dans des entreprises existantes ou des filiales situées hors du territoire national de l’investisseur et aussi les acquisitions d’entreprises à l’étranger. Malgré la pandémie, et même si le total a diminué de presque la moitié, 859 milliards US ont voyagé d’un pays à un autre l’an dernier.

Ça fait longtemps que les entreprises trouvent que l’herbe est plus verte chez le voisin. En principe, tout le monde y trouve son compte. Les entreprises qui investissent à l’étranger cherchent à augmenter leur rentabilité et à percer de nouveaux marchés. Les pays qui les accueillent font croître leur économie et créent des emplois. Ce n’est pas pour rien que tous les pays prospectent la planète pour les attirer.

L’appétit pour l’investissement à l’étranger diminue depuis 2016, qui avait été une année record. L’année dernière, le niveau d’investissements étrangers était à son plus bas des 25 dernières années.

L’investissement étranger est un reflet de l’attractivité d’un pays. Les plus développés ont longtemps attiré le flot le plus important d’investissements étrangers, mais les choses changent. L’an dernier, les pays les plus riches ont été les plus grands perdants.

La baisse de l’investissement étranger dans les pays développés a été de 69 %. Les pays européens ont encaissé un recul de 66 % et certains sont même tombés sous le seuil de 2019. C’est le cas du Royaume-Uni, auquel aucun investisseur étranger ne s’est intéressé l’an dernier.

La chute a été limitée à 12 % dans les pays en développement, qui ont accueilli 72 % de tous les investissements à l’étranger réalisés en cette année de pandémie. C’est du jamais-vu.

La Chine est un des rares pays à réussir à faire mieux qu’en 2019. Pour la première fois l’an dernier, la Chine a reçu plus d’investissements étrangers que les États-Unis. Le total est de 163 milliards pour la Chine contre 134 milliards pour les États-Unis.

Une année remarquable

Pour la Chine, l’année 2020 sera loin d’être aussi catastrophique qu’ailleurs dans le monde. En fait, le pays qui a été le premier touché par l’épidémie de coronavirus est l’un des rares à avoir connu une bonne année.

En plus d’être devenue la première destination mondiale des investissements étrangers, la Chine est le seul grand pays à avoir eu un taux de croissance économique positif l’an dernier. Les États-Unis ont fini l’année avec une chute de leur produit intérieur brut de 3,5 %, la pire depuis 1946.

L’année 2020 semble aussi vouloir se terminer avec une victoire chinoise dans la guerre commerciale avec les États-Unis. Malgré les efforts de l’ex-administration Trump pour rééquilibrer le commerce des États-Unis à coups de tarifs imposés aux produits chinois, le déficit de la balance commerciale américaine avec la Chine se serait encore creusé l’an dernier, selon les chiffres préliminaires.

Au total, l’excédent de la balance commerciale de la Chine avec tous les pays est à son plus haut niveau depuis 2015, et c’est grâce à la pandémie. Le monde s’est arraché les masques et l’équipement personnel de protection dont la Chine est le principal exportateur.

Les populations confinées à la maison et les employés en télétravail ont fait grimper la demande de matériel informatique, un autre moteur de l’économie chinoise.

Et qu’est-ce qui a attiré les investissements étrangers en Chine en cette année hors norme ? Les technologies de l’information et le secteur pharmaceutique, dont la croissance se poursuit.

Il faudra voir si l’attractivité de la Chine se maintiendra dans la période post-pandémie, alors que de plus en plus de pays songent à rapatrier une partie de la fabrication de produits jugés essentiels.

L’investissement étranger sera peut-être moins bien accueilli, comme l’indique l’accueil réservé par le gouvernement français à la proposition d’acquisition de la chaîne de supermarchés Carrefour par Couche-Tard.