(Ottawa) La Banque du Canada a indiqué jeudi que l’endettement croissant des ménages l’inquiétait de plus en plus, un élément que la banque centrale considère comme une vulnérabilité clé de l’économie.

Dans sa plus récente revue du système financier, la Banque du Canada a souligné que de nombreux ménages avaient contracté des prêts hypothécaires importants par rapport à leur revenu, ce qui limite encore plus leur flexibilité pour affronter un choc financier comme la perte d’un emploi.

La banque centrale note que la dette totale des ménages a augmenté de 4 % depuis le début de la pandémie, s’étant fortement accentuée depuis le milieu de l’année dernière, alors que le marché du logement se faisait de plus en plus actif.

Selon la Banque du Canada, ce boom peut aider l’économie à rebondir à court terme, mais il pourrait aussi conduire à un éventuel effondrement si les ménages devaient réduire leurs dépenses en raison d’un autre élément qui ralentirait l’économie.

Le dernier examen de la banque sur les risques pesant sur le système financier du pays met également en évidence les inquiétudes concernant un retrait trop hâtif de l’aide aux entreprises pour contrer l’impact de la pandémie.

La banque centrale s’inquiète entre autres de la viabilité future des entreprises lorsque le soutien du gouvernement prendra fin, car plusieurs incertitudes persistent sur ce à quoi ressembleront la vie et l’activité économique après la pandémie, a-t-elle expliqué.

Pour ce qui est des banques et des compagnies d’assurance, la Banque du Canada considère que la cybersécurité reste l’une de leurs trois principales préoccupations.

La hausse des prix des logements est plus généralisée

Malgré tout, le marché du logement et les niveaux élevés d’endettement des ménages jouaient un rôle clé dans le rapport dévoilé jeudi par la banque.

L’aide gouvernementale et l’action de la banque centrale pour faire baisser les taux d’intérêt pendant la pandémie ont contribué à instaurer un plancher financier pour les ménages et les entreprises, qui ont été plusieurs à mieux se tirer d’affaires que prévu pendant cette crise économique.

Cependant, poursuit le rapport, l’activité sur le marché et certains chiffres troublants sur les prêts hypothécaires rappellent la situation de 2016, soit juste avant que des simulations de crise ne soient imposées pour les demandes de prêt hypothécaire, afin de s’assurer que les acheteurs pourraient gérer leurs paiements en cas de hausse des taux.

Les prix des logements ont augmenté de 23 % à l’échelle nationale par rapport à l’an dernier, a indiqué la banque centrale dans son rapport. L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a pour sa part indiqué, plus tôt cette semaine, que le prix moyen d’une maison vendue au Canada en avril s’était établi à un peu moins de 696 000 $.

La récente flambée des prix était plus généralisée parmi les villes qu’il y a cinq ans, lorsque la situation était essentiellement circonscrite aux grandes régions de Toronto et de Vancouver, a poursuivi la banque centrale. Selon elle, les régions du Grand Toronto, de Hamilton et de Montréal sont maintenant en surchauffe, et Ottawa est sur le point de les rejoindre.

Avec la hausse des prix des maisons et le retard dans l’offre de logements disponibles, certains propriétaires pourraient être tentés d’acheter maintenant par crainte de ne plus pouvoir se permettre quelque chose à l’avenir.

Mais le rapport de la banque avertit que certains ménages prennent de trop grosses bouchées en contractant de nouvelles hypothèques, ce qui les rend plus vulnérables à la hausse des taux d’intérêt au moment du renouvellement de leur prêt.

Un organisme de réglementation bancaire fédéral envisage de resserrer les critères pour les prêts hypothécaires non assurés, et des organismes réclament du gouvernement libéral de Justin Trudeau qu’il fasse quelque chose de semblable pour les prêts hypothécaires assurés.

Le budget fédéral déposé le mois dernier a proposé une taxe de 1 % pour les propriétaires étrangers non résidents sur les propriétés jugées vacantes. La banque centrale a précisé que la mesure « limiterait vraisemblablement la demande de nature spéculative sur le marché du logement ».

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a rencontré mercredi un groupe d’économistes du secteur privé. Un compte rendu de la réunion fourni par le bureau de Mme Freeland indique qu’elle a posé des questions sur le marché du logement et les problèmes d’abordabilité.