(Washington) La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a dit lundi tout le mal qu’elle pense du bitcoin, qu’elle juge « extrêmement inefficace » pour mener des transactions, et est souvent utilisé « pour la finance illicite ».

« Je ne pense pas que le bitcoin […] soit largement utilisé comme mécanisme de transaction dans la mesure où il est utilisé, je le crains, souvent pour le financement illicite », a déclaré Janet Yellen, interrogée par le New York Times.

Selon elle, le bitcoin « est un moyen extrêmement inefficace de mener des transactions et la quantité d’énergie consommée pour traiter ces transactions est stupéfiante », a-t-elle encore ajouté.

« C’est un actif hautement spéculatif », a-t-elle estimé, « je m’inquiète des pertes potentielles que les investisseurs pourraient subir ».

Ces propos ont contribué à faire reculer le prix du bitcoin, qui, après avoir atteint dimanche un nouveau record à plus de 58 000 dollars, évoluait lundi autour de 52 700 dollars (-9 %).

Le dollar numérique mérite qu’on s’y attarde

La création d’un dollar numérique pourrait être bénéfique à l’économie américaine, a déclaré lundi Janet Yellen, estimant « logique » que les Banques centrales se penchent sur cette question, notamment sur les problématiques de protection des consommateurs.

« Il est logique que les Banques centrales y réfléchissent et je sais que la Réserve fédérale (Fed) étudie cela », a indiqué Janet Yellen interviewée par le New York Times, faisant état d’un travail commun entre la Fed de Boston et le Massachusetts Institute of Technology (MIT).

La question des cryptomonnaies est étudiée de près par les pays, face notamment au projet de monnaie numérique initié par Facebook, la Libra, mais aussi ceux examinés par les banques centrales, comme le crypto-yuan chinois.

Les monnaies numériques sont stockées sur des supports électroniques, sans avoir besoin de compte en banque, et sont acceptées comme moyen de paiement par des entreprises.

Pour la secrétaire au Trésor, « il y a beaucoup à regarder en matière de protection des consommateurs, mais cela vaut vraiment la peine d’être examiné ».

« Nous avons un problème d’inclusion financière. Trop d’Américains n’ont vraiment pas accès à des systèmes de paiement faciles liés à leur compte bancaire. Je pense qu’un dollar numérique, une monnaie numérique de banque centrale, pourrait aider » à améliorer cette situation, a-t-elle souligné.

« Cela pourrait se traduire par des paiements plus rapides, plus sûrs et moins chers, ce sont, à mon avis, des objectifs importants », a encore développé l’ancienne présidente de la Banque centrale américaine.

Les interrogations sont toutefois nombreuses quant au déploiement d’une cryptomonnaie par les États-Unis : « quel serait l’impact sur le système bancaire, cela provoquerait-il un énorme mouvement de dépôts hors des banques et vers la Fed, est-ce que la Fed sera en lien avec les clients particuliers, y a-t-il des problèmes de stabilité financière, comment pourrions-nous gérer les problèmes de blanchiment d’argent et de financement illicite », a-t-elle énuméré.

Le président de la Fed avait indiqué en octobre que les États-Unis réfléchissent à l’émission d’un dollar numérique, mais que cela prendrait du temps.

De l’autre côté de l’Atlantique, un euro numérique devrait devenir une réalité d’ici cinq ans, avait déclaré en janvier la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde.

Le conseil des gouverneurs de la BCE décidera au printemps du lancement ou non de ce chantier pharaonique.