(Londres) La Banque d’Angleterre (BoE) a estimé jeudi que l’économie britannique devrait rebondir moins que prévu cette année à cause du nouveau confinement, mais s’attend à une accélération à partir du deuxième trimestre grâce à la vaccination contre le coronavirus.

Elle a par ailleurs maintenu son taux directeur à un plancher historique de 0,1 % et demandé aux institutions financières de se préparer pour un éventuel passage aux taux négatifs d’ici six mois, même si elle les enjoint de n’y voir aucun « signal ».

L’institut monétaire n’attend désormais plus qu’une croissance de 5 % en 2021 contre 7,25 % lors de sa dernière réunion, mais juge que la contraction du PIB en 2020, évaluée à 10 %, a été moins importante qu’elle ne l’estimait jusqu’à présent (-11 %).

Le comité monétaire, dans ses minutes, explique que « les restrictions en place actuellement sont plus fortes et devraient davantage affecter l’économie que le confinement de novembre ».

Le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d’Europe par la pandémie de COVID-19, et a commencé 2021 avec un troisième confinement qui devrait provoquer une chute du PIB de 4 % au premier trimestre, selon la BoE, qui espérait encore une hausse lors de ses prévisions de novembre.

En revanche, la conclusion d’un accord commercial avec l’Union européenne (UE) fin décembre, à quelques jours de la sortie du Royaume-Uni du marché unique, est favorable à la croissance britannique, estime la BoE.

En outre, la campagne de vaccination rapide en cours devrait aider le pays à faire repartir son économie dès le deuxième trimestre, à un rythme plus rapide que ne le prévoyait la Banque jusqu’à présent.  

Le gouvernement britannique a annoncé mercredi que plus de 10 millions de personnes avaient reçu une première injection, sur une population d’environ 67 millions.

Une bonne nouvelle pour l’économie, non seulement car les restrictions seront peu à peu levées mais aussi car l’optimisme des consommateurs et investisseurs devrait augmenter, a commenté Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, lors d’une conférence de presse.

« La reprise sera plus condensée dans le temps » mais l’économie britannique renouera avec son niveau d’avant la pandémie dès le premier trimestre 2022, comme le prévoyait la BoE en novembre, a-t-il résumé.

Signaux sur les taux négatifs

C’est la première fois que la BoE se réunit depuis que le Royaume-Uni et l’Union européenne ont conclu un accord commercial, quelques jours avant que le pays ne sorte du marché unique.

Selon la BoE, l’accord trouvé correspond aux hypothèses sur lesquelles l’institut tablait jusqu’à présent.

Fin 2020, certains observateurs s’attendaient à ce qu’une BoE aux abois après une sortie du marché unique sans accord opte pour des taux négatifs dès début 2020.

Cette mesure, qui vise à doper les prêts aux particuliers comme aux entreprises et à stimuler l’inflation, a déjà été adoptée par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon (BoJ).

L’inflation est restée faible au Royaume-Uni depuis la dernière réunion de la BoE, malgré une légère accélération à 0,6 % en décembre, bien en deçà de l’objectif de 2 % de l’institut.

Après avoir consulté les entreprises qui sont concernées par cette mesure, la BoE leur demande de se préparer dans les six mois à venir pour l’éventualité par la suite d’un passage à 0 % ou en deçà.

« Mon message pour le marché : il ne faut pas y lire le futur de nos décisions monétaires, nous cherchons à avoir tous les outils disponibles », a commenté M. Bailey.

« Le comité monétaire n’a qu’un enthousiasme très limité pour un taux négatif », ont estimé les analystes d’ING face au ton prudent adopté par la BoE.

Des taux bas, ou négatifs, rendent une monnaie moins attractive. Le message de la BoE a renforcé la livre britannique, qui gagnait vers 16 h 10 GMT 0,10 % face au billet vert à 1,3661 dollar et 0,61 % face à l’euro à 87,66 pence pour un euro.