Le Panier bleu veut faire contrepoids à Amazon et aux autres géants numériques mondiaux. Près de neuf mois après sa création, l’organisme annonce la mise en place d’une plateforme québécoise d’achats en ligne regroupant tous les détaillants d’ici qui souhaitent y adhérer. Les consommateurs pourront y faire leurs emplettes à partir de l’automne 2021, juste à temps pour les Fêtes.

Pour jouer dans la cour des grands, le site permettra aux consommateurs de se procurer des produits de toute provenance comme des téléphones intelligents ou des téléviseurs, par exemple. Des filtres de recherche permettront, quand le produit est fait ici, de repérer rapidement des articles conçus au Québec.

Nous amorçons « aujourd’hui le travail d’un grand projet : celui de jeter les bases d’un écosystème numérique québécois représentant une véritable [solution de rechange] aux géants mondiaux du commerce en ligne, a annoncé Alain Dumas, directeur général du Panier bleu, lors d’un point de presse lundi. On le sait, si rien n’est fait, les détaillants locaux continueront de perdre des parts de marché au profit des géants mondiaux du commerce en ligne. Et c’est notre tissu économique et nos finances publiques qui en sortiront affaiblis », a-t-il soutenu.

Rappelons que, au moment de son lancement par le gouvernement Legault au début de la pandémie, le Panier bleu, dont l’objectif est de stimuler l’achat local, avait essuyé de vives critiques puisqu’il ne permettait pas aux consommateurs d’effectuer des transactions. On avait même comparé la plateforme, sur laquelle on trouve un répertoire de marchands québécois, aux Pages Jaunes.

Ainsi, devant cette compétition féroce provenant de l’étranger et à la lumière des 49 recommandations d’un rapport dévoilé lundi et réalisé avec la collaboration du Panier bleu « pour accélérer la transformation numérique » des détaillants, l’organisme a décidé de lancer le projet de plateforme transactionnelle. « Il faut se rappeler à l’époque que le Panier bleu était un cri de ralliement pour l’achat local, a tenu à souligner le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, qui participait également au point de presse. Je pense que ça aurait été irréaliste de vouloir être transactionnel [lors du lancement] du Panier bleu. Par contre, il est clair que [dans] les sondages que nous avons faits les gens ont dit : "Nous voulons un site transactionnel." Donc, on s’ajuste en conséquence. »

Desjardins et la Banque Nationale investissent conjointement 600 000 $ auxquels s’ajouteront 300 000 $ versés par le Panier bleu. Impossible toutefois de savoir pour le moment qui dirigera cette plateforme. Le Panier bleu, organisme à but non lucratif (OBNL), se penchera sur la question au cours des trois prochains mois. On ignore également si les transactions se feront sur le site de l’organisme ou sur une autre plateforme.

« Le Panier bleu est un OBNL et ce qu’on veut, c’est attirer des investisseurs privés, explique M. Dumas. Il faut regarder la meilleure structure de gouvernance pour permettre au privé d’investir dans la plateforme. Comme M. Fitzgibbon l’a dit, il veut à moyen terme que ça devienne une initiative qui va être gérée par le privé. À ce moment-ci, il est un peu tôt pour répondre. »

Qu’est-ce qu’un produit québécois ?

Par ailleurs, bien qu’il travaille depuis ses débuts à le promouvoir, le Panier bleu n’a pu établir une définition unique de ce que pouvait être un produit québécois. M. Dumas explique que selon les secteurs – meubles, vêtements, articles de plein air – les produits pourraient afficher un logo de teinte différente allant du bleu pâle, lorsqu’il est conçu ici, au bleu foncé, lorsque toutes les étapes de confection et les matériaux sont québécois.

« Qu’est-ce qu’un produit québécois ? C’est une question complexe qui mérite une réflexion approfondie, convient M. Fitzgibbon. Les produits vendus chez les détaillants québécois peuvent provenir d’autres parties du monde. Il est évident, dans une perspective d’achat local, qu’il est préférable d’acheter un produit étranger chez un commerçant québécois que de passer par d’autres plateformes et d’acheter ce même produit chez un commerçant étranger. »

Voilà pourquoi le site ne se limitera pas à offrir uniquement des produits teintés de bleu. « Ce qui fait la force des géants numériques mondiaux, c’est que les gens vont là et y trouvent de tout, rappelle Alain Dumas. Si on ne fait que les produits québécois, on va à ce moment-là diminuer de beaucoup la variété des catégories qu’on va avoir dans le catalogue, ce qui va faire qu’on ne sera pas une alternative crédible. On va être tout simplement un "à-côté" par rapport aux joueurs internationaux. On n’a pas le choix de mettre les produits de tout acabit, de toute provenance. »

« On ne peut pas tout faire au Québec, ajoute M. Fitzgibbon. L’idée c’est d’identifier les produits pour que les consommateurs puissent savoir si le produit il est blanc, il est bleu pâle ou il est bleu marine. »

Ouverture des commerces

Par ailleurs, le ministre de l’Économie a également été questionné sur la possible ouverture des commerces considérés comme non essentiels au-delà du 8 février, moment où certaines restrictions pourraient prendre fin. « Au moment où on se parle, il n’y a pas eu de décision de prise, a-t-il répondu. C’est clairement des discussions. La fonction du ministère de l’Économie, c’est d’avoir des programmes qui vont être l’arrimage de ce qui va arriver. À ce moment-ci, tout est sur la table. Évidemment, il va falloir indiquer aux gens rapidement ce qui va arriver. »

Le Panier bleu en quelques chiffres

> 4,4 millions : total des subventions versées par Québec au Panier bleu depuis sa création en avril 2020
> 23 000 : nombre de commerces inscrits sur le site
> 2 060 157 : nombre de visiteurs depuis le lancement