(Washington) L’économie américaine peine à retrouver des couleurs, toujours sans plan d’aide supplémentaire quand des centaines de milliers de personnes continuent chaque semaine à s’inscrire au chômage, dans un marché du travail sinistré.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé du 23 au 29 août, repassant sous la barre symbolique du million, avec 881 000 demandes, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Mais cette bonne nouvelle semble surtout due à un changement du mode de calcul de ces données.

Si la méthode précédente avait encore été utilisée, ce sont 1,020 million d’inscriptions qui auraient été publiées, comme la semaine précédente, selon Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics.

Il souligne toutefois que ce nouveau mode de calcul « devrait donner des résultats plus fiables alors que les données brutes sont encore si éloignées des normes ».

Au total, un peu plus de 13 millions de personnes ont touché une allocation chômage, versée par chaque État, au cours de la semaine du 16 au 22 août, selon des données publiées avec une semaine de décalage. C’est en léger recul par rapport à la semaine précédente.

Et tous programmes confondus, plus de 29 millions de personnes avaient demandé une aide au chômage mi-août. Ils étaient 1,6 million à la même période l’an passé.

« Les données montrent qu’il y a encore énormément de licenciements et que la reprise du marché du travail se fait à un rythme lent », a commenté Nancy Vanden Houten, d’Oxford Economics, dans une note.

Le taux de chômage du mois d’août sera publié vendredi. Il était en février à 3,5 %, son niveau le plus bas en 50 ans, et avait grimpé en avril à 14,7 %, son niveau le plus élevé en 80 ans.

Depuis, il recule chaque mois. Il était de 10,2 % en juillet.

Pas assez d’emplois recréés

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a assuré mardi que plus de 41 % des emplois détruits en mars et en avril en plein cœur de la pandémie de COVID-19 ont été recréés, reconnaissant toutefois qu’« il y a encore du travail à faire » pour revenir au niveau d’emploi d’avant la crise sanitaire.

Le secteur privé a certes recommencé à créer des emplois depuis trois mois, mais en nombre bien insuffisant pour compenser les plus de 19 millions d’emplois détruits par les entreprises au seul mois d’avril.

Restaurants, tourisme, évènementiel... Le secteur des services a particulièrement souffert depuis le début de la crise. Il se redresse depuis trois mois, mais le rythme du mois d’août a ralenti par rapport à celui de juillet, selon l’indice de l’association professionnelle ISM publié jeudi.

L’indice, qui mesure le niveau d’activité des entreprises, s’est établi à 56,9 % en août, contre 58,1 % en juillet et 57,1 % en juin.

Ce troisième mois de hausse montre que « le secteur des services se rétablit lentement », mais cela « devrait s’accélérer progressivement avec une réouverture plus complète de l’économie », souligne Rubeela Farooqi de High Frequency Economics, dans une note.

Toutefois, elle précise que « le secteur est toujours exposé aux risques liés à des interruptions répétées de l’activité en raison du virus, et à une demande déprimée qui pourraient peser sur l’activité à l’avenir ».

La balle est désormais entre les mains des élus. Un nouveau plan d’aide économique pour les ménages, les entreprises, les écoles et les collectivités locales, est jugé crucial par les économistes pour permettre à la première économie du monde de se relancer.

Mais la Maison-Blanche et les démocrates du Congrès discutent en vain depuis plus d’un mois. Ils ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur l’enveloppe : pas moins de 2200 milliards de dollars pour les démocrates, pas plus de 1000 milliards pour les républicains.