Le paiement en espèces perd du terrain depuis une décennie, et la tendance pourrait être accélérée dans le contexte de la pandémie.

Dans le cadre de protocoles liés à la COVID-19, des entreprises comme Best Buy ont dit qu’elles n’acceptaient pas d’argent comptant pour le moment.

Des experts et la Banque du Canada préviennent toutefois que cela laisse en plan ceux qui n’ont pas de compte bancaire, ou qui ont de faibles revenus.

« Cela va être un choc qui nous poussera vers un système plus modernisé », a déclaré Walid Hejazi, professeur agrégé d’analyse économique et de politique à l’Université de Toronto.

« Si les développements constatés pendant la pandémie continuent de s’accélérer, il va s’installer un système de paiement entièrement modernisé beaucoup plus rapidement. »

L’argent liquide perd de l’attrait depuis plus d’une décennie, selon la plus récente enquête de la Banque du Canada sur les méthodes de paiement, réalisée en 2017.

Cette année-là, selon le rapport, 33 % des transactions ont été effectuées en espèces, comparativement à 54 % en 2009.

Des enquêtes de Paiements Canada, qui s’occupe de la compensation et du règlement des paiements, suggèrent que la tendance s’est accentuée ces derniers mois.

La semaine dernière, Interac a indiqué que les virements électroniques étaient plus fréquents que jamais pendant la pandémie, et que le paiement sans contact était aussi en hausse.

Mais la banque centrale du Canada avertit que la décision de refuser de l’argent liquide, bien que légale, pourrait être désastreuse pour les plus vulnérables de la société, dont les sans-abri et d’autres personnes n’ayant pas de compte bancaire.

Dans son rapport fondé sur l’enquête de 2017, la Banque du Canada a déclaré que 99 % des Canadiens avaient une carte de débit et 89 % une carte de crédit.

Cependant, certaines personnes peuvent avoir une carte de débit tout en ayant très peu d’argent dans leur compte, tandis que d’autres peuvent avoir des cartes de crédit qui sont épuisées, a dit M. Hejazi.

D’autres ont des comptes bancaires à faible coût, qui ne permettent qu’un nombre limité de transactions.

Les entreprises évitent d’avoir des billets et de la monnaie en décidant de ne pas accepter l’argent comptant. Les transactions sont déjà comptabilisées et les livres équilibrés ; il y a moins de déplacements à la banque, et les commerces sont moins susceptibles d’être volés.

Le mois dernier, la Banque du Canada a exhorté les détaillants à continuer d’autoriser les transactions en espèces, en partie parce que certains itinérants dépendent de la mendicité.

Le Conseil canadien du commerce de détail recommande à ses membres « d’encourager » les modes de paiement sans contact, plutôt que de les obliger.

« De nombreux commerçants continuent d’accepter l’argent comptant, a mentionné Karl Littler, le vice-président principal des affaires publiques de l’organisme. La décision revient au commerçant. »

La Banque du Canada et l’Organisation mondiale de la santé affirment que manipuler de l’argent comptant est à peu près aussi risqué que de toucher d’autres objets ménagers courants, tels que des poignées de porte, et recommande un lavage des mains, plutôt qu’une interdiction pure et simple.