(Ottawa) Malgré le portrait optimiste brossé par Ottawa, les producteurs agricoles devront composer avec un manque criant de travailleurs étrangers dans les champs cette année.

Le Canada a fait venir quelque 30 000 travailleurs étrangers agricoles cette année jusqu’à maintenant, a déclaré le ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino, lors de son passage virtuel devant le comité sur l’agriculture, vendredi après-midi.

Bon an, mal an, ce sont entre 50 000 à 60 000 travailleurs étrangers qui viennent travailler dans le secteur agricole et de l’alimentation chaque année, selon les chiffres fournis par le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

Cette tendance inquiétante est reflétée au Québec, qui a reçu environ la moitié des travailleurs étrangers escomptés, selon l’Union des producteurs agricoles (UPA).

À titre d’exemple, seulement 5090 travailleurs étrangers temporaires du Guatemala et du Mexique sont arrivés sur les 12 660 attendus d’ici la fin juin. À ce moment-ci, ils devraient être 9737, ce qui équivaut à 52 % de la main-d’œuvre espérée.

« Ce qui se passe au Québec est comparable à l’échelle canadienne », constate en entrevue le président de l’UPA, Marcel Groleau, qui précise que la saison des récoltes arrive à grands pas.

Jusqu’à maintenant, les ministres fédéraux se contentaient de répéter que le Canada avait reçu environ 90 % des travailleurs agricoles qui étaient prévus au mois d’avril, et ce, malgré le contexte de pandémie.

M. Groleau est d’avis que ces chiffres ne veulent rien dire, puisque ces travailleurs avaient déjà obtenu leurs documents avant que la COVID se déclare et que les frontières soient fermées.

Le monde agricole sonne l’alarme sur le manque de travailleurs étrangers depuis plusieurs semaines déjà. La Fédération canadienne de l’agriculture (FCA) disait le mois dernier que la pénurie de main-d’œuvre était sa préoccupation première.

« Malheureusement, cette année, de nombreux agriculteurs canadiens n’ont pas suffisamment de travailleurs pour envisager de planter leurs cultures », disait Mary Robinson, présidente de la FCA.

Les différents ordres de gouvernement ont annoncé diverses mesures pour tenter de faciliter l’arrivée de ces travailleurs étrangers ou pour encourager les chômeurs canadiens à aller travailler dans les champs.

Au cabinet du ministre Mendicino, on convient que la pandémie a entraîné de nombreux défis, puisque des travailleurs ont choisi de rester chez eux cette année et certains pays d’origine ont une capacité limitée de traiter les dossiers de ceux-ci.

« Dès les premiers jours de la pandémie, nous avons mis en place des exemptions pour que les travailleurs puissent voyager et nous avons réaffecté les ressources afin qu’ils puissent arriver plus rapidement et que nos fermes et nos hôpitaux disposent des travailleurs dont ils ont besoin », a déclaré Kevin Lemkay, attaché de presse du ministre.

« Les travailleurs étrangers temporaires n’arrivent pas tous en même temps au Canada, et continueront d’arriver pendant le reste de l’été et pour la saison des récoltes », a-t-il ajouté.