(Washington) Les déplacements entre le Canada et les États-Unis demeurent restreints, mais des entreprises, des diplomates et les communautés qui dépendent de la circulation transfrontalière pressent les deux pays d’unir leurs forces dans une démarche collaboratrice vers la réussite, dans la nouvelle économie mondiale d’après-pandémie.

Le Conseil canado-américain des affaires (CABC), qui est établi à Washington, a lancé une campagne en ligne, jeudi, dans le but de convaincre les États, les provinces et les autorités fédérales des deux côtés de la frontière d’encourager un front économique uni, au moment où les deux pays luttent contre l’impact de la COVID-19.

L’objectif de la campagne « North American Rebound » (Rebond nord-américain), qui doit être lancée plus tard jeudi, est de promouvoir les efforts de collaboration pour obtenir de l’équipement de protection individuelle, assurer le réapprovisionnement et le maintien des réserves de matériel médical et protéger d’importantes chaînes d’approvisionnement transfrontalières.

Des occasions d’élargir le marché dans les deux pays aideraient à accélérer les efforts de reprise et mieux équiper autant le Canada que les États-Unis pour être compétitifs dans une économie mondiale qui sera grandement différente, a déclaré Scotty Greenwood, chef de la direction du CABC, et un vétéran de la défense des intérêts canadiens et américains.

À bien des égards, cette initiative est une façon initiale de se protéger contre les dangers du protectionnisme, et pas seulement celui venant de l’administration Trump.

« Ce n’est pas seulement les États-Unis », a déclaré M. Greenwood, dans une entrevue.

« Il existe une tendance politique – qui est compréhensible, mais qui ne fonctionne vraiment pas – de dire “Nous allons être autosuffisants, nous allons tout rapatrier ici et nous allons le faire seul, nous ne voulons pas être dépendants de quelqu’un”. Lorsque vous pensez au contexte Canada–États-Unis, ce n’est pas efficace et ce n’est pas réalisable. »

Diplomates, experts du monde des affaires et spécialistes des affaires canado-américaines ont été pratiquement unanimes, au cours des deux derniers mois, dans leurs éloges de la décision mutuelle d’interdire les voyages non essentiels. Depuis la mi-mars, cette mesure avait comme objectif de freiner la propagation du virus sans nuire au commerce, aux entreprises et aux travailleurs essentiels.

Certains accrocs au système, venant principalement d’agents frontaliers qui détenaient le pouvoir de déterminer ce que constituaient des déplacements « essentiels », ont été majoritairement résolus, a affirmé Mark Agnew, directeur principal des politiques internationales avec la Chambre de commerce du Canada.

L’un des prochains défis sera de faire face aux embouteillages lors de la réouverture des frontières, et de s’assurer d’effectuer du dépistage et du traçage de contacts efficaces des gens qui ont subi des tests positifs à la COVID-19, a ajouté M. Agnew.

« Avec une augmentation de l’activité commerciale, les temps d’attente pourraient créer de la frustration si les effectifs ne sont pas en mesure de répondre à une demande accrue », a-t-il précisé.

« Aussi, l’activité économique ne fonctionne pas comme un interrupteur à lumière ; les entreprises ont besoin d’une période de transition pour se préparer. »

Des directives claires sur la façon la plus sécuritaire de voyager et les mesures qui devront être respectées dans différentes régions de chaque pays – où les masques chirurgicaux, les gants et d’autres formes d’équipement de protection sont obligatoires, par exemple – seront vitales. Il sera aussi nécessaire de compter sur des fournitures aux postes frontaliers pour empêcher que des gens se fassent refuser l’accès parce qu’ils n’ont pas les leurs, a-t-il ajouté.

« Beaucoup de voyageurs oublient qu’ils ont même une bouteille d’eau dans leur bagage. »

Plus tôt cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a confirmé que les restrictions actuelles à la frontière seront maintenues jusqu’au 21 juin, au plus tôt.