(Ottawa) Des responsables estimaient à la fin de l’été qu’une reprise économique ne se produirait pas comme par magie après la disparition des confinements et des restrictions de santé publique, indique un document fédéral récemment obtenu.

La note d’information interne indique qu’une des clés de la relance réside dans le niveau de confiance que les gens ont quant à la capacité de leur gouvernement à contenir la propagation de la COVID-19.

La Presse Canadienne a obtenu la note d’information du ministère des Finances, préparée au début de septembre, par l’entremise de la Loi sur l’accès à l’information.

Bien que les restrictions et les confinements soient les principaux moyens utilisés pour réduire la transmission du coronavirus, la note présente également d’autres options, notamment une augmentation des tests et la recherche des contacts.

Le document souligne que les pays qui ont réussi à réduire la transmission du virus à des niveaux très bas ont vu plus de personnes se rendre dans les commerces de détail, utiliser les transports collectifs et se rendre sur les lieux de travail.

Les pays qui n’ont pas maîtrisé la propagation de la COVID-19, y compris là où les restrictions ont été molles ou inexistantes, « ont connu une reprise beaucoup plus inégale ».

« La levée des restrictions n’est pas suffisante pour une reprise économique complète », indique la note d’information, ajoutant que l’expérience « a montré que pour libérer la demande, il est essentiel que les individus se sentent également en sécurité et confiants dans la capacité de leur gouvernement à contenir le virus ».

Le contenu du document d’information fait écho en grande partie à ce que le gouvernement a entendu au cours de l’automne et, plus récemment, après que les libéraux se sont engagés à dépenser jusqu’à 100 milliards de dollars si nécessaire pour un plan de reprise économique.

« Le rétablissement de la confiance du public dans l’économie nécessite un dépistage et une recherche des contacts généralisés, rapides et systématiques – ce que nous réclamons depuis le printemps », a déclaré le vice-président principal des politiques au Conseil canadien des affaires, Robert Asselin.

« Neuf mois après le début de cette crise, cela n’est toujours pas en place dans la majeure partie du pays. L’approche disparate des tests et du traçage a été inefficace et très coûteuse du point de vue sanitaire et économique », a ajouté M. Asselin.

Une lueur d’espoir pour 2021

Vers la fin de l’année, le Canada avait récupéré un peu plus des quatre cinquièmes des trois millions d’emplois perdus au printemps, et le produit intérieur brut réel était d’environ 4 % inférieur aux niveaux d’avant la pandémie, après avoir enregistré une baisse historique au deuxième trimestre.

De faibles niveaux de transmission de la COVID-19 ont contribué à ce rebond, ce qui laisse croire que « le Canada a réussi à équilibrer relativement bien les risques sanitaires et économiques liés à la pandémie », indique la note d’information.

« Néanmoins, l’expérience d’autres pays qui ont été témoins d’une résurgence ou d’une deuxième vague d’infections suggère que les risques pour la santé resteront une menace alors que nous nous dirigeons vers l’automne et plus loin sur la voie de la reprise économique », peut-on lire dans le document préparé en septembre.

L’économie canadienne a progressé alors même que le nombre de cas augmentait, présentant ce que des experts considèrent comme une lueur d’espoir pour 2021 malgré l’imposition de nouvelles restrictions dans certaines parties du pays.

Les restrictions ont frappé certains secteurs plus durement que d’autres. La note d’information laissait présager comment les provinces et les municipalités pourraient devoir fermer ou limiter les heures d’ouverture de certaines entreprises, comme les restaurants et les bars, « et devraient être équipées pour identifier et retracer rapidement les éclosions ».

La note d’information indique également qu’une recherche de contacts efficace « va de pair » avec des tests visant à réduire la transmission. Au moment où la note a été rédigée, le nombre de tests avait atteint environ 48 000 par jour au Canada, soit l’équivalent d’environ 0,13 % de la population, à la fin d’août.

« Les preuves varient sur le niveau approprié de tests, mais une capacité accrue et des tests disponibles plus rapidement seraient un atout important pour la reprise économique à l’automne », ont écrit des responsables.

Trevin Stratton, économiste en chef à la Chambre de commerce du Canada, a estimé que le pays devait commencer à utiliser des tests plus rapides pour prendre le contrôle sur la COVID-19 pendant que les autorités s’efforcent d’administrer des vaccins.

« En sachant qui a été récemment exposé au virus, dans de nombreux cas même lorsque les personnes sont infectées, mais asymptomatiques, nous pouvons contenir sa propagation grâce à des réponses ciblées », a-t-il déclaré. « Cette approche limitera le besoin de mesures globales comme les confinements, qui causent de graves dommages collatéraux. »