(Ottawa) La modernisation de l’assurance-emploi a été accélérée en raison de la COVID-19, selon le ministère fédéral de l’Emploi.

Plusieurs lacunes du programme d’assurance-emploi — plusieurs travailleurs n’y ont pas accès et certains travailleurs qui sont couverts ne peuvent en profiter lorsqu’ils en ont besoin — ont été exposées au grand jour avec la pandémie.

Combler toutes lacunes aurait pris plusieurs années en temps normal, en raison de tous les processus de consultation, d’essais et de mise en place. Cette modernisation aurait aussi été assujettie aux changements de priorités des différents gouvernements.

Toutefois, la ministre fédérale de l’Emploi, Carla Qualtrough, a indiqué à La Presse Canadienne que la COVID-19 avait permis au gouvernement de mettre à l’essai plusieurs idées, comme fixer un seul critère d’admissibilité universelle, par exemple.

Elle a ajouté que les mesures de soutien d’urgence instaurées durant la pandémie avaient permis d’analyser des programmes pour les travailleurs autonomes et les travailleurs à temps partiel, qui ne sont pas couverts par l’assurance-emploi.

La ministre Qualtrough a aussi laissé entendre que des discussions pourraient avoir lieu prochainement pour déterminer quelles mesures devraient rester permanentes et quels changements devraient être apportés au programme.

« Si je m’étais présentée au cabinet en janvier et que j’avais réclamé une réforme complète de l’assurance-emploi, c’est un processus qui aurait pris cinq ans », a assuré Mme Qualtrough.

Mais avec la pandémie, « tout à coup, l’assurance-emploi ne fonctionnait plus », a ajouté la ministre dont le travail se résume désormais « à régler les problèmes avec l’assurance-emploi », selon elle.

Mme Qualtrough s’est vu confier le ministère de l’Emploi il y a un an. Depuis son entrée en poste, elle a dû travailler dans un contexte où le taux de chômage était élevé.

Au fur et à mesure que le nombre de chômeurs augmentait en raison de la pandémie ce printemps — plus de trois millions d’emplois avaient été perdus en mai —, le programme d’assurance-emploi a été mis sur pause, puisque le gouvernement craignait que le système ne puisse pas supporter autant de demandes.

Neuf millions de prestataires de la PCU

Ottawa a plutôt choisi de le remplacer temporairement par la Prestation canadienne d’urgence (PCU), qui permettait aux personnes ne pouvant pas travailler à cause de la pandémie de recevoir 500 $ par semaine. À la fin du mois de septembre, près de 9 millions de personnes avaient profité de cette aide qui a finalement coûté plus de 81,6 milliards au gouvernement fédéral.

Ce programme aurait peut-être été moins populaire si le gouvernement avait déployé plus rapidement son programme de subvention salariale. En effet, au moment où la subvention salariale a été mise sur pied, plusieurs personnes avaient déjà choisi de réclamer la PCU, selon Mme Qualtrough.

« La subvention salariale a dû rattraper le temps perdu », a reconnu la ministre. « Je ne dis pas nécessairement que c’était une erreur, mais avec du recul, j’aurais aimé que les deux programmes soient plus solidement liés. »

L’assurance-emploi a repris du service le 27 septembre. Depuis, le gouvernement a versé 8,83 milliards à 2,3 millions de personnes dans le cadre de ce programme, selon des données publiées jeudi.

Plus de 1,8 million de personnes reçoivent toujours des prestations d’assurance-emploi.

De nombreuses entreprises ont d’ailleurs demandé récemment au gouvernement d’entamer la révision complète de l’assurance-emploi qu’elles attendent depuis longtemps. Cette modernisation pourrait commencer dès l’an prochain, indique la ministre Qualtrough.

Les expériences des derniers mois, avec la PCU notamment, pourraient aider Ottawa dans ce processus.

« Le système peut gérer plus de demandes ; il l’a déjà prouvé », a affirmé Mme Qualtrough. « Il y a plusieurs choses que nous aurions normalement dû vérifier, mais nous n’aurons pas besoin de le faire puisque nous avons prouvé qu’elles fonctionnent. »

En plus de la réforme de l’assurance-emploi, Mme Qualtrough travaille aussi sur la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE), qui est destinée aux travailleurs malades ou forcés de s’isoler pendant deux semaines en raison de la COVID-19. Elle cherche à déterminer si le programme pourrait être étendu aux travailleurs qui doivent s’isoler plus d’une fois et aux travailleurs avec des conditions médicales particulières.