L’administration portuaire de Québec a fait le point jeudi sur les mesures d’atténuation qu’elle entend mettre en place pour répondre aux préoccupations exprimées par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) à propos de son projet de terminal de conteneurs Laurentia.

Publié à la mi-novembre, le rapport provisoire de l’AEIC avait ébranlé le projet, susceptible selon elle « d’entraîner des effets environnementaux négatifs importants », principalement sur le poisson et la qualité de l’air.

Le PDG du Port, Mario Girard, s’est d’abord attardé jeudi à l’enjeu de la qualité de l’air. Le rapport de l’AEIC, a-t-il regretté, « a mis le feu aux poudres » en évoquant des « risques pour la santé humaine » dans le secteur résidentiel avoisinant de Limoilou-Maizeret.

« Dans le secteur, il y a un enjeu de la qualité de l’air qui date de quelques années » et qui est très présent dans l’actualité locale, a-t-il rappelé. « À cause du contexte, [le rapport] a allumé le feu. »

Le fait de parler d’« enjeu pour la sécurité humaine » était inutilement alarmiste, selon lui. « C’est un vocabulaire qui n’est pas adapté à monsieur ou madame Tout-le-Monde. »

Selon les promoteurs de Laurentia, les émissions de particules fines provenant du terminal sont minimes. Et s’il est vrai qu’elles s’ajouteraient à un environnement qui pose déjà problème, les scénarios envisagés par l’Agence sont ceux du pire et ont peu de chances de se produire.

« On ne tient pas compte, par exemple, que notre pleine capacité ne sera atteinte qu’en 2035 et que les véhicules seront moins polluants à ce moment parce qu’il y aura plus de voitures électriques. »

La circulation est en effet considérée comme la première source de pollution aérienne dans le secteur, devant l’ensemble des émissions industrielles, dont le port ne représente qu’une petite partie, et le chauffage au bois en hiver.

« Dans le pire des scénarios », affirment les promoteurs, Laurentia causera « de 4 à 8 jours de retombées aériennes théoriques de particules inoffensives pour la santé », en échange de « 21 900 jours [60 ans] de retombées sociales et économiques concrètes et énormes pour la région ».

Poisson

En ce qui a trait au poisson, l’évaluation faite par l’AEIC reposait en partie sur une mauvaise classification du bar rayé en tant qu’espèce en péril, avait déjà fait valoir le Port quelques jours après la publication du rapport.

Le nouveau mémoire du Port réitère qu’il existe d’autres frayères que les eaux visées par le projet, tant pour le bar rayé que pour l’alose savoureuse et l’esturgeon. On propose néanmoins des mesures d’atténuation additionnelle, comme une réduction des dragages et des matières en suspension ou l’ajout d’habitats et d’aires d’alevinage.

Parmi les autres mesures promises, notons la création d’un nouveau parc urbain, un projet-pilote de camions électriques, l’utilisation du train plutôt que les camions pour la livraison des matériaux de construction du projet et des mesures contraignantes pour forcer les camions à emprunter l’autoroute plutôt que de traverser le quartier résidentiel voisin.