La hausse des prix des maisons observée dans de nombreuses villes cet été et cet automne était supérieure à celle qui pourrait être justifiée en fonction des niveaux de revenu et la croissance démographique au Canada, a souligné mercredi la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Dans sa nouvelle Évaluation du marché de l’habitation, la SCHL a conclu que le marché immobilier résidentiel du Canada était aussi vulnérable à une bulle immobilière qu’il l’était plus tôt cette année.

Le rapport considère que 15 villes du pays montrent une vulnérabilité faible, modérée ou élevée selon que leur marché immobilier local connaît une surchauffe, une accélération des prix, une surévaluation ou une construction excessive.

Dans l’ensemble, la SCHL considère que le marché canadien de l’habitation est modérément vulnérable, mais qu’il compte maintenant plus de villes où le degré de vulnérabilité est élevé que de villes où il est faible.

Les marchés de Hamilton, en Ontario, et de Moncton sont devenus très vulnérables face à l’accélération des prix et à la surévaluation des maisons au cours de la seconde moitié de cette année, a précisé la SCHL.

« La demande refoulée, la faiblesse des taux d’intérêt et l’incidence comparativement modeste des restrictions liées à la COVID-19 sur le chômage ont soutenu la vigueur des ventes » à Moncton, a noté le rapport, tandis que le marché de Hamilton a vu une augmentation disproportionnée des ventes pour les acheteurs provenant du marché voisin de Toronto, plus cher.

« Ces acheteurs ne font que faire augmenter le nombre de ventes à Hamilton, et non le nombre d’inscriptions », a souligné le rapport, en ajoutant que les plus fortes croissances des ventes avaient été observées dans certains des quartiers les plus chers de Hamilton, comme Burlington, Ancaster et Stoney Creek.

La surévaluation a également augmenté à Toronto, Montréal et Regina, bien que le degré de vulnérabilité de ces trois villes ne soit que « modéré » par rapport au type de conditions observées à la fin des années 1980 et au début des années 1990 dans la bulle immobilière de Toronto.

L’agence nationale du logement avait indiqué plus tôt cette année que les prix des logements pourraient diminuer de 9 % à 18 %, avant de se redresser en 2021.

Cela ne s’est pas produit. Même si les prix des maisons ont chuté en avril, ils ont rebondi cet été alors que les volumes de ventes de maisons ont atteint des records dans plusieurs régions. Les chambres immobilières locales et nationales ont indiqué que la demande refoulée pendant le confinement du printemps avait été un moteur du boom observé cet été.

Les acheteurs ont également développé une préférence pour de plus grands espaces depuis qu’ils se sont retrouvés coincés à la maison pendant le confinement, et ils se préoccupent moins des trajets courts vers les centres-villes, a souligné l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan. Toute cette demande, avec une quantité relativement faible de nouvelles inscriptions, a fait grimper les prix dans de nombreuses régions, ont observé des économistes locaux dans le rapport de la SCHL.

L’agence travaille sur une nouvelle prévision qui tiendra compte de la récente vigueur de l’immobilier, a expliqué M. Dugan.

« Nous pensions que le troisième trimestre allait être plus faible qu’il ne l’a été. De toute évidence, avec la réouverture de l’économie, il y a eu un très fort rebond du côté des emplois et de la croissance économique d’ensemble », a affirmé M. Dugan lors d’une conférence de presse.

« Le marché du logement a reflété cela, ce qui est un peu différent de ce que nous avions prévu. »

M. Dugan a précisé que la SCHL continuait de s’attendre à des « vents contraires » pour les prix des maisons, évoquant les restrictions en cours liées à la COVID-19 et les allusions de la Banque du Canada à de potentielles contractions économiques.

« Je pense qu’il existe encore un risque de baisse qui pourrait entraîner une certaine faiblesse, notamment dans les prix », a-t-il précisé.