(Washington) Républicains et démocrates américains ont encore tenté lundi d’avancer vers un accord sur une nouvelle aide pour les millions d’Américains au chômage à cause de la COVID-19, mais aussi pour les entreprises en difficulté et les collectivités locales.

Le ton était plus optimiste en fin de journée, même si un consensus paraissait encore lointain entre les deux partis aux relations tendues à trois mois de l’élection présidentielle.

Au point que le président américain a déclaré envisager d’agir sans attendre le Congrès, par décret, pour empêcher les expulsions de locataires et alléger les charges salariales.  

« Nous avons de très bonnes discussions avec Nancy Pelosi et Chuck Schumer », les deux chefs démocrates au Congrès, a affirmé Donald Trump.  

Mais signe du chemin qu’il reste à faire, le républicain a cité dans un même souffle l’une des principales pierres d’achoppement entre les deux partis : l’aide aux collectivités locales que réclament les démocrates.  

« Le problème c’est qu’ils veulent des plans de sauvetage » pour les « villes et États en difficulté après des années de mauvaise gestion » démocrate, a-t-il affirmé, à la Maison-Blanche.  

Plus tôt, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, chef de la minorité au Sénat, avaient évoqué une réunion « productive » avec les négociateurs de la Maison-Blanche.  

PHOTO SUSAN WALSH, ASSOCIATED PRESS

La cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le leader au Sénat, Chuck Schumer

« Moins d’emplois que de travailleurs »

Autre grand point de désaccord : une allocation chômage de 600 dollars par semaine, versée par le gouvernement fédéral en plus de l’allocation traditionnelle distribuée par chacun des 50 États.

Pour certains républicains, ce chèque généreux décourage les chômeurs de chercher un emploi.  Les démocrates pourraient accepter un montant moindre, mais pas aussi bas que les 200 dollars proposés jusqu’ici par le parti de Donald Trump.  

Cette aide a pris fin le 31 juillet, alors que les États-Unis comptent des millions de nouveaux chômeurs à cause de la pandémie.

Cette allocation ayant disparu, « plus d’un tiers des locataires craignent de ne pas pouvoir payer leur loyer dans les mois qui viennent », relève l’économiste Diane Swonk dans une note.

« Je ne veux pas que les gens se fassent expulser », a déclaré Donald Trump lundi soir, en soulignant qu’il avait le pouvoir d’empêcher par décret les expulsions. « Oui, je peux le faire. Et je veux le faire ».  

Il a du même coup indiqué pouvoir également alléger les charges salariales par décret. « Nous allons en parler », s’est-il contenté d’ajouter.  

« Il y a tellement moins d’emplois que de travailleurs disponibles », que ce n’est pas le montant de l’aide qui va pénaliser le retour à l’emploi, avait souligné dimanche sur CBS le président de la Réserve fédérale (Fed) de Minneapolis, Neel Kashkari.

Ce responsable de la Banque centrale américaine n’est pas le seul à insister sur l’importance de voter rapidement un nouveau plan d’aide.

Près d’une centaine de patrons de multinationales américaines comme Walmart, Microsoft ou Merck, ainsi que des fédérations professionnelles, ont adressé lundi une lettre aux parlementaires américains.

Ils prédisent « une vague de fermetures définitives » si rien n’est fait d’ici début septembre et « un effet domino sur les emplois détruits » au passage « potentiellement catastrophique » d’ici la fin de l’année.

« La réponse n’est pas claire »

L’activité dans le pays a redémarré à la fin du printemps, lorsque les mesures de confinement ont progressivement été assouplies. Mais une flambée des contaminations a forcé plusieurs États à ralentir les réouvertures, voire même à faire marche arrière.

Et il semble parfois difficile de prévoir l’impact de ces nouvelles restrictions, entre certains chiffres encourageants quant à la reprise de l’activité économique, et d’autres plus pessimistes.

« Selon les données choisies, la réponse n’est pas claire » quant à « la santé de l’économie et des consommateurs », a regretté le chef économiste de la fédération nationale des détaillants (NRF), Jack Kleinhenz, lundi.

Dernier indicateur en date, celui de l’industrie manufacturière, qui a grimpé en juillet pour le deuxième mois, selon l’indice de l’association ISM publié lundi.

La croissance est au plus haut depuis mars 2019, mais l’industrie « partait de niveaux très faibles et les perspectives sont incertaines, en raison de la menace posée par des perturbations répétées liées au virus », a commenté Rubeela Farooqi, de High Frequency Economics.

L’économie américaine s’est effondrée de 32,9 % entre avril et juin, en rythme annualisé, c’est-à-dire si le rythme reste le même jusqu’à la fin de l’année, et de 9,5 % par rapport au deuxième trimestre 2019.