(Ottawa) La croissance économique au Canada s’est enrayée en février, avant d’être assaillie en mars par la pandémie de COVID-19, a indiqué jeudi Statistique Canada.

Le produit intérieur brut réel est resté essentiellement inchangé pendant le deuxième mois de l’année en raison de l’incidence des barrages ferroviaires érigés dans de nombreuses régions du pays et des grèves d’enseignants en Ontario, a expliqué l’agence fédérale.

Le secteur des services d’enseignement a reculé de 1,8 % en février en raison des grèves tournantes des enseignants ontariens, tandis que le secteur du transport et de l’entreposage a reculé de 1,1 % en raison de barrages ferroviaires et d’un déraillement de train survenu près de Saskatoon.

En excluant ces deux secteurs, Statistique Canada a calculé que l’économie aurait enregistré une croissance de 0,2 % en février.

Dans une estimation préliminaire pour le mois de mars, publiée plus tôt ce mois-ci, l’agence a indiqué que l’économie s’était probablement contractée de 9 % pour le mois, les activités s’étant immobilisées en raison des mesures prises pour ralentir la propagation de la pandémie.

L’économiste principal de la Banque TD, Brian DePratto, a indiqué que les données de février offraient une chance de réfléchir à la rapidité avec laquelle la pandémie a bousculé le portrait économique.

« L’immobilier est passé de la surchauffe à la stase virtuelle en moins d’un mois, et le nécessaire frein imposé aux secteurs tels que l’hébergement et les services de restauration et les arts, les divertissements et les loisirs sera historiquement sans précédent », a-t-il écrit dans un bref rapport.

« Heureusement, avec les plans de réouverture économique qui commencent à prendre forme à travers le pays, il y a un peu de lumière qui commence à poindre au bout du tunnel. »

Dans l’ensemble, 13 des 20 secteurs étudiés par Statistique Canada ont augmenté en février.

Les industries productrices de biens ont augmenté de 0,1 % pour le mois, tandis que les industries productrices de services sont restées essentiellement inchangées.

Les activités dans les bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont progressé de 5,9 % en février, enregistrant leur plus forte hausse depuis décembre 2017, tandis que le secteur des mines, des carrières et de l’extraction de pétrole et de gaz a augmenté de 0,9 %.

Le secteur manufacturier s’est contracté de 0,2 % en février et les services d’hébergement et de restauration ont chuté de 0,9 % au cours du mois, les restrictions de voyage dans le monde s’étant accrues.

Josh Nye, économiste principal de la Banque Royale, a indiqué que le mois d’avril devrait montrer une forte baisse, car les mesures prises pour ralentir la propagation de la COVID-19 seront en place pour toute la durée du mois.

« Quel que soit le chiffre, nous pensons qu’il entraînera une baisse sans précédent du PIB au deuxième trimestre », a écrit M. Nye.

Dans un sondage publié mercredi par Statistique Canada, plus de la moitié des entreprises canadiennes ont dit avoir enregistré une baisse de leurs revenus d’au moins 20 %, tandis que près du tiers d’entre elles ont indiqué avoir enregistré une baisse de 40 % ou plus.

Les résultats proviennent d’un sondage en ligne réalisé ce mois-ci en collaboration avec la Chambre de commerce du Canada.

Les estimations officielles du PIB pour le mois de mars et le premier trimestre de 2020 seront publiées le 29 mai.