(Ottawa) Le ministre des Finances, Bill Morneau, a été informé quelques semaines après l’élection du gouvernement libéral pour un deuxième mandat que les Canadiens sont particulièrement préoccupés par leur capacité de payer pour des services sur lesquels le gouvernement a beaucoup d’influence comme les services de garde.

La Presse canadienne a obtenu une copie de la présentation faite au ministre en novembre en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

Les fonctionnaires ont expliqué à Bill Morneau que même si la croissance des salaires a été supérieure à l’inflation au cours des 15 dernières années, la facture pour des éléments majeurs comme les services de garde, l’éducation et les médicaments d’ordonnance a augmenté encore plus rapidement.

Les documents notent que les « différences dans la hiérarchisation des politiques » entre les provinces ont créé d’importants écarts dans le coût et l’accessibilité aux services de garde.

Des recommandations ont également été offertes à Bill Morneau, mais ces options stratégiques n’ont pas été rendues publiques parce qu’elles sont considérées comme de l’information confidentielle au gouvernement.

Le ministre fédéral des Finances doit dévoiler, dans quelques semaines, le premier budget du gouvernement libéral minoritaire. Il prévoit accorder la priorité à la lutte contre les changements climatiques et à la baisse du coût de la vie des Canadiens.

Les fonctionnaires du gouvernement ont souligné dans leur présentation qu’il y a un argument de taille en faveur d’investir dans les services de garde en raison du lien observé avec l’augmentation du nombre de femmes disponibles pour retourner sur le marché du travail.

On s’attend à ce que le budget contienne des détails sur la promesse électorale des libéraux de créer 250 000 places en services de garde à l’école, avant et après les classes. En combinant cet engagement à celui de réduire les frais de 10 %, le Parti libéral estimait que le tout coûterait 535 millions par année.

Selon David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives, la présentation semble plaider en faveur d’une action accrue dans les domaines où les coûts sont déterminés par les politiques publiques plutôt que de s’intéresser aux dépenses courantes comme les vêtements ou l’essence, dont les prix fluctuent.

« L’accessibilité, ce n’est pas une chose pour laquelle le marché peut aider. Au lieu de mettre le gouvernement à l’écart, il faut plutôt l’impliquer pour faire barrage à l’augmentation des coûts pour les Canadiens », estime M. Macdonald, qui étudie le coût des services de garde au Canada.

David Macdonald a corédigé un rapport en 2017 qui recensait les coûts de services de garde à travers le pays. Bien que la facture varie selon l’âge de l’enfant, les places coûtent environ 1000 $ par mois en moyenne.

Les prix fluctuent toutefois de manière importante d’une province à l’autre. Au Québec, où les places sont grandement subventionnées, le prix médian est inférieur à 200 $ par mois. À Toronto, une place pour un enfant d’âge préscolaire coûtait 1212 $ par mois et pour un bébé, 1758 $ par mois.

Le budget Morneau devrait aussi prévoir une hausse de la valeur de l’Allocation canadienne pour enfants pour les enfants de moins d’un an, une promesse que le directeur parlementaire du budget a estimée à 252 millions pour la première année.

En matière de coût du logement, l’inflation est restée tout juste en dessous de la croissance des salaires médians en raison notamment de la baisse des taux d’intérêt. Les coûts demeurent cependant très élevés dans plusieurs villes du pays.

Les fonctionnaires ont calculé, en comparant le revenu moyen au coût de la vie, que Toronto est la ville la plus chère au Canada, suivie de près par Vancouver.

En jetant un œil vers l’avenir, il semble qu’un Canadien sur quatre qui approche l’âge de la retraite n’aurait pas assez d’économies pour subvenir à ses besoins. C’est particulièrement le cas de ceux qui ne disposent pas de fonds de pension auprès de leur employeur.

Même l’élargissement du Régime de pensions du Canada pourrait ne pas « compenser entièrement la baisse de la couverture des régimes de retraite privés, ce qui expose les travailleurs davantage au risque ».