(Washington) Le patron de la Fed s’est félicité de l’état de l’économie américaine et d’une politique monétaire adéquate même si le nouveau coronavirus vient compliquer la donne. Mais le président Donald Trump ne le voit pas de cet œil et il lui réclame une baisse des taux.

La politique monétaire de la Banque centrale « restera appropriée » tant que les indicateurs seront au vert pour l’économie américaine, a affirmé Jerome Powell, auditionné mardi par des parlementaires.

Autrement dit, pas de baisse des taux — ni de hausse — pour le moment, la Fed reste sur sa trajectoire de pause entamée à l’automne, après trois baisses consécutives.

Car l’économie américaine, que l’on voyait encore il y a quelques mois entrer en récession en 2020, se porte bien, et la Fed s’attend à ce que l’inflation se rapproche de son objectif de 2 % dans les prochains mois, après un accès de faiblesse en 2019.

« Il n’y a pas de raison que l’expansion (économique) ne se poursuive pas, il n’y a rien dans cette expansion qui soit instable ou ne puisse durer », a assuré Jerome Powell.

Il a toutefois souligné que « bien entendu, la politique (monétaire) n’est pas sur une trajectoire toute tracée. Si des développements justifient de réévaluer nos perspectives, nous le ferons ».

En plein milieu de cette audition par la Chambre des représentants, Donald Trump a décidé de faire entendre sa voix. D’un tweet, il a attaqué le président de la Fed, l’accusant, comme il en est coutumier, de ne pas baisser suffisamment les taux et, in fine, de freiner l’économie.

« Lorsque Jerome Powell a débuté son audition aujourd’hui, le Dow (Jones) était en hausse […]. Pendant qu’il parlait, il a chuté », a tweeté Donald Trump, pour qui « les taux de la Fed sont trop élevés, le dollar pèse sur les exportations ».

Coronavirus

Tout en haut de la liste des éléments susceptibles de faire changer d’avis la Fed, figure l’épidémie de nouveau coronavirus qui a éclipsé les risques liés aux conflits commerciaux.

Jerome Powell a relevé qu’« une partie des incertitudes liées au commerce ont diminué récemment, mais (que) des risques demeurent. En particulier, nous suivons de près l’émergence du coronavirus, qui pourrait entraîner des perturbations en Chine avec des répercussions sur le reste de l’économie mondiale ».

« La question est de savoir comment (le coronavirus) va affecter l’économie. Il est trop tôt pour le dire. Nous devons résister à la tentation de spéculer » sur ce qui pourrait arriver, a-t-il dit.

Jerome Powell juge que « le gouvernement chinois a pris des mesures fortes dans les zones touchées » pour contenir l’épidémie, tandis que la Banque centrale chinoise, la Bank of China, « a fait beaucoup pour soutenir l’économie ».

« Je pense que vous pouvez attendre du gouvernement chinois qu’il fasse beaucoup pour soutenir l’économie », note encore le président de la Fed.

L’épidémie de nouveau coronavirus a fait plus de 1000 morts, principalement en Chine.

Devant la Chambre des représentants, le président de la Fed a également appelé à profiter des bons chiffres de l’économie américaine pour réduire le déficit budgétaire, soulignant notamment qu’« un budget fédéral plus durable peut soutenir l’économie à long terme ».

Le président Donald Trump a présenté lundi son projet de budget 2021, qui repousse à 2035 l’objectif d’équilibre budgétaire.

Dans le rapport de politique monétaire publié vendredi, la Fed soulignait que « dans un contexte d’activité économique faible et de pressions inflationnistes en sommeil, les Banques centrales étrangères adoptent généralement une politique plus accommodante ». En d’autres termes, elles baissent leurs taux.

Elle ne s’avançait toutefois pas sur l’issue de sa prochaine réunion de comité monétaire, les 17 et 18 mars.