Si vous aviez besoin d’une preuve que les gens ne respectent pas leurs résolutions du Nouvel An, en voici une très concrète.

Pour la dixième année de suite, le remboursement des dettes demeure la principale priorité financière des Canadiens, selon un récent sondage de la Banque CIBC. Or, au cours de la dernière décennie, les dettes des Canadiens ont sans cesse augmenté pour atteindre près de 180 % de leurs revenus en 2019, contre environ 155 % en 2010.

Mais après toutes ces années de laisser-aller, je crois qu’il est grand temps de mettre cette résolution en pratique en 2020 avant qu’il ne soit trop tard.

Déjà, en 2019, de nombreux Canadiens ont bu la tasse. Le nombre de consommateurs qui sont devenus insolvables (faillites et propositions de consommateurs) a grimpé de presque 9 % au cours des 12 derniers mois terminés en novembre, selon le Bureau du surintendant des faillites.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Les dettes des Canadiens ont atteint près de 180 % de leurs revenus en 2019.

Bah ! Vous me direz qu’il ne faut pas trop s’en faire, car le taux d’insolvabilité reste bien en dessous du niveau de la dernière récession. Mais c’est justement cela qui me trouble : nous ne sommes pas en récession ! Au contraire, le marché du travail se porte à merveille. Le taux de chômage est à un plancher historique. Les salaires augmentent.

Et pourtant, les consommateurs se bousculent à la porte des syndics pour se libérer de leurs dettes. Imaginez le scénario lorsqu’on aura un ressac économique et que les travailleurs mis à pied n’auront plus les revenus pour payer leurs factures.

Ça ne sera pas jojo. D’où l’importance de prendre le taureau par les cornes. Et de commencer à rembourser. Pour vrai.

Ces dernières années, « les ménages ont déplacé leurs dettes de cartes de crédit vers des marges de crédit afin de réduire leurs frais d’intérêts, mais ils se sont fait coincer lorsque les taux d’intérêt sur les marges ont commencé à augmenter », explique Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de la CIBC.

En effet, les récentes hausses du taux directeur de la Banque du Canada se sont directement reflétées sur les taux variables des marges de crédit personnelles et hypothécaires. Ce sont justement les types de crédit qui ont connu la plus forte augmentation de radiation l’an dernier.

Si vous ne voulez pas avoir d’ennuis, de grâce, soyez à l’affût des signaux d’alarme du surendettement :

• Vos cartes de crédit sont toujours pleines à plus de 70 % ?

• Vous êtes obligé de payer l’épicerie et d’autres dépenses courantes à crédit ?

• Vous remboursez une dette en empruntant ailleurs ?

• Vous demandez de l’argent à vos proches ?

Si la réponse est oui, retroussez-vous les manches et suivez ces conseils.

• Défiez le Blue Monday : le troisième lundi du mois de janvier a été désigné, le jour le plus déprimant de l’année, celui où vous êtes enseveli sous toutes vos factures des Fêtes. « Il peut être tentant de mettre de côté les factures que l’on reçoit, mais c’est une erreur. Le problème ne disparaîtra pas par magie », dit le syndic André Bolduc, membre du Conseil exécutif de l’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR).

• Payez vos factures au plus vite. Et pour les cartes de crédit, pas besoin d’attendre votre relevé de compte. Remboursez sur l’internet chaque semaine ou tout de suite après une grosse dépense. Cela vous évitera de perdre le contrôle.

• Mettez votre boni à profit : si vous avez droit à une prime annuelle de la part de votre employeur, aiguillez-la vers le remboursement de vos dettes, en commençant par celles qui coûtent le plus cher d’intérêts. Bien sûr, il y a les cartes de crédit (de 20 à 30 %), mais aussi les comptes en souffrance de certains fournisseurs comme Bell (3 % par mois, soit 43 % par année). Ouch !

• Vos impôts au plus tôt : vous pouvez aussi devancer la saison des impôts si vous estimez que vous aurez droit à un remboursement. En produisant votre déclaration dès janvier, vous dégagerez des fonds pour rembourser vos factures des Fêtes, souligne l’ACPIR.

• Les cartes au régime sec : si vous traînez un solde sur votre carte de crédit, laissez-la à la maison pour éviter de l’utiliser davantage, ce qui alourdirait votre dette. Payez plutôt avec votre carte de débit ou, mieux encore, avec de bons vieux billets de banque. En retirant une somme fixe chaque semaine, il est plus facile de voir l’argent qu’on dépense.

• Consolidez pour mieux gérer : pour réduire vos frais, consolidez vos dettes plus coûteuses dans un prêt à la consommation qui vous coûtera moins cher d’intérêts et qui vous imposera une discipline de remboursement, contrairement à une marge de crédit.

• Annulez les abonnements inutiles : pour donner de l’air à votre budget et dégager une marge de manœuvre pour rembourser vos dettes, passez vos dépenses en revue. Faites le tour de tous les prélèvements automatiques qui passent sur votre carte ou dans votre compte bancaire : musique, télévision, système d’alarme, assurances, etc. La liste est longue. Utilisez-vous tous ces services ? Pouvez-vous renégocier le prix ? Vous seriez surpris des économies qu’on peut réaliser avec un simple coup de téléphone…

• Opération Kijiji : quoi de mieux qu’un grand ménage pour recommencer l’année ? Profitez-en pour vendre tous les objets que vous n’avez pas utilisés depuis longtemps. C’est fou, l’argent qu’on peut aller chercher avec les petites annonces en ligne. En prime, vous ferez le bonheur de quelqu’un d’autre.

• Demandez de l’aide : ne balayez pas vos dettes sous le tapis. Si vous êtes dépassé, demandez de l’aide pour établir un plan financier. « Ne reportez pas à plus tard. Allez voir un conseiller qui sera en mesure de simplifier la situation », exhorte Geneviève Brouillard, première vice-présidente, Région Québec et Est de l’Ontario, à la Banque Scotia.

Plus vous agirez vite, meilleures seront les solutions à votre disposition.