(Paris) La colère grandissante que provoquent des inégalités croissantes imputables à la mondialisation appelle à un changement de cap, a estimé mardi David Lipton, le directeur général par intérim du Fonds monétaire international (FMI).  

Cela ne signifie pas pour autant qu’il y ait « une faille inhérente dans le capitalisme », a-t-il estimé dans un discours célébrant le 75e anniversaire de la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et prononcé à Paris.

« Le capitalisme récompense la prise de risques. Il a été le moteur de nombreux succès que nous avons connus », a-t-il relevé tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un « système imparfait dont la trajectoire a besoin d’être corrigée ».  

Selon lui, la colère s’explique en grande partie par « la montée d’inégalités excessives ». « Bien que le taux de pauvreté ait diminué dans le monde entier depuis 1980, les 10 % les plus riches au monde ont davantage profité de l’économie que les 50 % les plus modestes », a-t-il ainsi souligné.

Aux gouvernements, il recommande d’augmenter leurs dépenses pour combattre les inégalités, de lutter contre les mouvements illicites de l’argent comme le blanchiment ou encore de s’attaquer à l’évasion fiscale des entreprises.

« Notre monde connaît un large éventail de changements qui contribuent à la perte de confiance et de la cohésion sociale, en particulier dans les économies avancées », constate-t-il également.  

« Le commerce et la mondialisation-ainsi que la technologie-ont remodelé la carte économique et les conséquences se font ressentir aussi bien en Europe qu’aux États-Unis : colère croissante, polarisation politique et populisme », a-t-il enfin commenté.  

Et tandis que les alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale s’étaient réunis à la conférence de Bretton Woods pour créer les institutions qui utiliseraient la coopération économique pour prévenir les conflits futurs, « nous risquons ce que l’on pourrait appeler un moment inverse de Bretton Woods ».