(Ottawa) Le ministre fédéral du Développement social, Jean-Yves Duclos, reconnaît que les aînés et les familles à la recherche d’un logement et de services de garde font toujours face à de graves difficultés financières, malgré les milliards de dollars investis dans ces domaines au cours des quatre dernières années.

Les données sur la croissance économique canadienne — augmentation du salaire médian et du nombre des emplois, diminution du nombre de gens vivant sous le seuil de pauvreté — sont assez positives pour que les libéraux s’en soient déjà vantés à plusieurs reprises.

M. Duclos prévient que les électeurs doivent s’attendre à en entendre parler au cours de la prochaine campagne électorale.

Toutefois, un sondage mené par la firme Abacus Data indique que l’accès à des services essentiels abordables demeure une préoccupation majeure pour les Canadiens. Selon une enquête menée en mars, le coût de la vie sera un facteur déterminant à l’occasion des élections.

« Nous devons être extrêmement conscients qu’il existe de nombreux Canadiens des classes moyennes et pauvres qui ont beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts, dit M. Duclos. C’est exigeant d’être un Canadien de la classe moyenne en 2019. C’est pourquoi le gouvernement doit hiérarchiser ses ressources limitées pour aider ces Canadiens. »

Économiste expert des questions du travail, de la pauvreté et des politiques sociales avant son saut en politique, M. Duclos occupe son poste de ministre du Développement social depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux.

Les libéraux semblent vouloir concentrer leurs efforts autour d’un programme national d’assurance-médicaments en vue de la prochaine campagne électorale. Si les stratèges libéraux songent à promettre de nouveaux investissements dans le logement afin, espèrent-ils, de faire baisser les loyers à l’échelle du pays, ils ne semblent pas vouloir proposer de nouvelles idées en matière de services de garde. Pourtant, M. Duclos considère que ces services sont une nécessité pour les parents, pas un luxe.

Le gouvernement s’est déjà engagé à verser 7,5 milliards sur dix ans pour les programmes de services de garde. Des documents internes laissent croire que ces dépenses devraient avoir permis de financer 37 573 places de garderie d’ici 2020. L’Allocation canadienne pour enfants a coûté au gouvernement 24 milliards. Ce programme a permis, selon Statistique Canada, à 278 000 enfants de vivre au-dessus du seuil de pauvreté.

Selon une note d’information remise l’an dernier au ministre Duclos, « améliorer encore » l’Allocation canadienne pour les enfants permettait d’atteindre l’objectif de réduction de la pauvreté d’ici 2020. « Selon les estimations, plus d’un million de personnes vivant dans des ménages avec enfants resteront dans la pauvreté 2020 s’il n’y a pas de nouvelles interventions », peut-on lire dans le document dont La Presse canadienne a obtenu copie grâce à Loi sur l’accès à l’information.

M. Duclos dit qu’il existe des solutions pour rendre la vie plus abordable pour les familles, mais n’en a pas précisé les modalités.

« Il est vrai que nos familles mènent des vies complexes et que nous devons donc investir de différentes manières », fait-il valoir.

En raison des déficits budgétaires, M. Duclos s’est tourné vers le secteur privé pour financer des projets d’infrastructure de grande envergure et la construction de nouveaux logements locatifs.

« Faire entrer nos villes dans le XXIe siècle en proposant un nombre important de logements modernes près des transports en commun et des services aux familles et aux personnes âgées et le faire de façon environnementale nécessite des ressources, mais des ressources qui peuvent être levées par les secteurs privé et public. »

Les libéraux ont renoncé à certaines de leurs promesses.

Par exemple : la suppression de la TPS pour la construction de nouveaux logements locatifs a été abandonnée au profit de nouvelles options de financement. Ils n’ont pas créé non plus une nouvelle méthode pour calculer les prestations pour les personnes âgées qui auraient pris comme fondement un « indice de prix des personnes âgées » plutôt que les données nationales de l’inflation.

« Nous nous sommes penchés sur la question et nous avons découvert que cela n’aurait que très peu d’incidences sur les capacités des aînés plus vulnérables à joindre les deux bouts », explique M. Duclos. Le gouvernement a préféré augmenter le supplément du revenu garanti et de permettre à ceux qui voulaient continuer de travailler de conserver une plus grande partie des prestations.

Les négociations entre les provinces, les territoires et Ottawa devraient aboutir à la mise en place d’une nouvelle subvention fédérale au loyer qui devrait être mise en place l’an prochain. M. Duclos dit que le gouvernement fédéral avait eu « des conversations très franches » pour que cette subvention, qui s’élèverait à environ 2500 $ par année, cible les locataires autochtones et les anciens combattants.