Le marché du travail du Canada a continué de générer des emplois en janvier, mais les Canadiens voient malgré tout reculer leurs augmentations de salaire et leur nombre d'heures travaillées.

Quelque 48 300 emplois ont été créés le mois dernier, essentiellement grâce aux gains dans l'emploi à temps partiel et dans le secteur privé, a précisé vendredi Statistique Canada.

Le rapport de l'agence fédérale sur la population active a fait état d'une hausse nette de 32 400 emplois à temps partiel en janvier, tandis qu'un total net de 15 800 emplois à temps plein a aussi été rapporté. Dans les deux cas, cependant, les chiffres ont été jugés trop faibles pour être statistiquement significatifs.

Le secteur privé a accueilli 32 400 nouveaux travailleurs le mois dernier, a précisé le rapport, comparativement à 7700 nouveaux employés pour le secteur public.

Ces augmentations ont permis au taux de chômage de passer de 6,9 pour cent en décembre à 6,8 pour cent en janvier.

Les économistes s'attendaient à ce que le nombre d'emplois reste inchangé le mois dernier, et à ce que le taux de chômage se maintienne à 6,9 pour cent, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters. Conséquemment, certains d'entre eux ont décrit la croissance d'ensemble du marché - qui a surpassé, une fois de plus, leurs attentes - de «très impressionnante» et de «remarquablement solide».

«On dirait que nous croyons tous que cette séquence va finir par se terminer, mais elle ne fait que se poursuivre», a observé l'économiste principal du Mouvement Desjardins Jimmy Jean, soulignant que c'était le sixième mois consécutif que les données étaient supérieures aux prévisions.

Mais malgré le plus grand nombre de personnes au travail, M. Jean a noté que la composition des données sur l'emploi restait minée par certaines «faiblesses persistantes».

Il a notamment souligné la croissance décevante des salaires horaires en janvier, comparativement à l'an dernier. Ces salaires ont grimpé de moins de 1,3 pour cent, ce qui était inférieur à l'inflation.

Selon M. Jean, les salaires horaires progressaient souvent, par le passé, d'entre deux et trois pour cent, et quelques fois un peu plus.

«Alors, il y a eu une détérioration soutenue de ce côté et il semble difficile de s'écarter vraiment de cette trajectoire», a affirmé M. Jean. Celui-ci a aussi noté que le nombre d'heures travaillées n'avait progressé que de 0,2 pour cent en raison du plus grand nombre d'emplois à temps partiel.

La Banque du Canada s'est inquiétée du nombre d'heures travaillées et de la croissance des revenus, a rappelé M. Jean. Mais la banque centrale ne devrait pas être rassurée par les plus récentes données, même si le marché du travail poursuit son expansion.

L'économiste en chef du Conference Board du Canada, Craig Alexander, s'est dit encouragé de voir que la vague «étonnante» d'emplois créés au Canada dans la deuxième moitié de l'année dernière se poursuivait en 2017.

Certains analystes souligneront les points négatifs du rapport, comme la hausse des postes à temps partiel, a-t-il prévenu. Mais M. Alexander croit qu'il est important de se souvenir que la création de près de 16 000 emplois à temps plein du mois dernier était saine en elle-même, même si la plupart des nouveaux emplois étaient à temps partiel.

«Je crois que les critiques voient trop souvent le verre à moitié vide lorsqu'ils regardent ces données», a-t-il ajouté.

Dans les 12 derniers mois, le Canada a vu la création nette de 276 100 emplois, grâce à l'ajout de 86 200 postes à temps plein et 189 900 autres à temps partiel.

La vaste majorité des emplois créés en janvier, soit 42 600 postes, ont vu le jour dans les industries productrices de services. Ces emplois se trouvaient ainsi dans les secteurs de la finance, de l'assurance, de l'immobilier, des services aux entreprises, du transport et de l'entreposage.

Le nombre d'emplois dans les usines canadiennes a grimpé de 5600 le mois dernier.

Les travailleurs autonomes ont accueilli 8200 nouveaux collègues parmi leurs rangs, tandis que le nombre d'employés salariés a grimpé de 40 000.

Parmi les provinces, l'Ontario a affiché le gain net le plus élevé, avec 28 800 nouveaux emplois - une augmentation de 0,4 pour cent par rapport à décembre. La plupart de ces nouveaux emplois, soit 23 500 d'entre eux, étaient cependant à temps partiel.

Au Québec, seulement 3400 emplois ont été créés le mois dernier, mais le taux de chômage a diminué de 0,3 point de pourcentage, à 6,2 pour cent, parce qu'un moins grand nombre de personnes étaient à la recherche d'un emploi.