Le géant des télécoms américain AT&T a expliqué mercredi comment le rachat de l'opérateur satellitaire DirecTV, qu'il vient de boucler, va lui permettre d'améliorer ses résultats et de mieux se positionner sur le marché en mutation de la télévision.

A l'occasion d'une conférence avec des analystes, le groupe a dit viser cette année un bénéfice par action entre 2,62 et 2,68 dollars, contre 2,51 dollars en 2014. Les analystes s'attendaient jusqu'ici à 2,60 dollars en moyenne.

Le chiffre d'affaires devrait progresser d'au moins 10% par rapport aux 132,42 milliards de dollars enregistrés l'an dernier.

Pour la période 2016-2018, AT&T espère une croissance minimale autour de 5% pour son bénéfice par action, et similaire à celle du PIB américain pour son chiffre d'affaires.

Les prévisions à partir de 2016 étaient jugées plutôt prudentes par les analystes, ceux de Barclays notamment y voyant «un point de départ» pour de potentielles révisions futures à la hausse.

Les prévisions d'investissement pour cette année sont aussi relevées à 21 milliards de dollars, soit 3 milliards de plus qu'en janvier.

À Wall Street, l'action AT&T perdait 2,66% à 33,73 dollars vers 14h30.

«Portabilité» des contenus

AT&T vient de faire une série d'acquisitions «transformatrices», en avalant deux opérateurs de téléphonie mobile mexicains, Nextel Mexico et Iusacell, et surtout DirecTV: cette dernière transaction, chiffrée à 48,5 milliards de dollars (67,1 milliards en incluant la reprise de dette), a reçu fin juillet le feu vert sous conditions des régulateurs américains.

A la suite de ces opérations, «nous sommes positionnés comme personne d'autre pour emmener l'évolution (sur le marché) de la vidéo et façonner l'avenir du secteur», a affirmé le PDG Randall Stephenson, faisant miroiter «des services intégrés qui nous mettent dans une catégorie à part face à la concurrence».

«Nous avons de grandes opportunités pour faire des choses sur le marché qui sont cohérentes avec la manière dont les gens veulent consommer les produits» vidéo, a assuré pour sa part aux analystes John Stankey, le patron de la branche «Entertainment & Internet Services» qui chapeaute notamment les activités de télévision.

Il a fait valoir que si les jeunes générations avaient moins tendance à regarder la télévision en direct en suivant la programmation linéaire imposée par les chaînes, elles en restaient des consommatrices importantes, via du visionnage en différé de programmes enregistrés, ou par l'intermédiaire de nouveaux services en ligne, utilisés de plus en plus sur smartphones.

Fort de son propre réseau mobile et du réseau haut-débit en fibre optique dans lequel il a beaucoup investi ces dernières années, adossés désormais aux capacités de diffusion satellitaire de DirecTV, AT&T entend miser sur la «portabilité» des contenus vidéo, en permettant à ses abonnés de les regarder sur n'importe quel écran, où et quand ils le désireront, a expliqué John Stankey.

Le groupe vient d'annoncer dans cet esprit une offre combinant téléphonie fixe et mobile, internet et télévision.

«Empreinte mobile, échelle croissante dans le haut débit et les contenus, marque respectée et réseau de distribution international: Comcast n'a pas cela, ni Verizon ou un autre opérateur mobile, ni Netflix ou les nouveaux entrants» sur le marché de la vidéo en ligne, s'est félicité John Stankey.

Financièrement parlant, AT&T espère grâce au rapprochement avec DirecTV économiser au moins 2,5 milliards de dollars par an à horizon 2018, avec une montée en puissance progressive (jusqu'à 500 millions de dollars cette année, puis 1 à 1,5 milliard en 2016 et 1,5 à 2 milliards en 2017).

Ces économies devraient largement résulter de l'échelle accrue du groupe, désormais le plus gros fournisseur de télévision payante aux Etats-Unis avec plus de 26 millions d'abonnés: cela lui donne du poids dans ses négociations avec les propriétaires de contenus vidéo. Il espère aussi réduire ses frais de maintenance en uniformisant les interfaces ou les décodeurs utilisés par les clients.