L'inflation annuelle canadienne a ralenti avec la faiblesse des prix de l'énergie pour s'établir à 0,8 % le mois dernier - sa plus faible valeur depuis octobre 2013, a indiqué jeudi Statistique Canada.

Les données du mois d'avril dévoilées vendredi matin, soit moins d'une semaine avant la prochaine annonce de la Banque du Canada au sujet de son taux d'intérêt, étaient largement inférieures à celles du mois de mars, qui avaient fait état d'une inflation de 1,2 %.

Selon Statistique Canada, le recul des prix de l'énergie d'une année à l'autre est un des principaux éléments expliquant le ralentissement de l'inflation, mais les prix ont malgré tout grimpé dans sept des huit composantes principales de l'indice des prix à la consommation.

Les prix de l'essence ont diminué de 21 % en avril par rapport à l'an dernier, tandis que ceux du carburant ont laissé 20 % et ceux du gaz naturel, 14,6 %, a précisé l'agence fédérale.

Dans les autres grandes catégories, les prix ont grimpé au point que si l'on excluait les éléments liés à l'énergie, l'inflation se serait établie à 2,2 %.

Parmi les produits ayant été en proie aux hausses les plus fortes se trouvait notamment la viande, dont les prix ont grimpé de 11,2 % par rapport à l'an dernier. Les prix des assurances habitations et hypothécaires ont gagné 8,6 %, tandis que ceux des services téléphoniques ont avancé de 6,3 %.

Les prix à la consommation ont avancé le mois dernier dans sept provinces, tandis que l'inflation a été négative à Terre-Neuve-et-Labrador, à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. La plus forte inflation, soit 1,2 %, a été observée en Saskatchewan.

Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l'indice des prix à la consommation a reculé de 0,1 % en avril, après avoir progressé de 0,3 % en mars.

L'inflation de base, qui est surveillée de près par la Banque du Canada et qui exclut certains des produits dont les prix sont les plus volatils, comme l'essence, s'est établie à 2,3 % le mois dernier. Elle avait été de 2,4 % en mars.

En février, la banque centrale avait averti que la turbulence causée par la chute des prix du pétrole pourrait brièvement faire reculer l'inflation en territoire négatif, mais elle avait ajouté du même souffle qu'il ne fallait pas pour autant s'inquiéter d'une éventuelle déflation.

Même avec la plus faible inflation d'avril, il est largement attendu que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, ne modifiera pas le taux d'intérêt directeur de la banque centrale au terme de la rencontre de mercredi prochain.

Le mois dernier, la banque indiquait que les risques entourant ses perspectives pour l'inflation - l'indicateur clé derrière les décisions sur les taux d'intérêt - restaient «à peu près équilibrés».

Selon Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins, le recul de l'inflation de base permettra probablement à la Banque du Canada de souffler un peu.

Les chiffres sur l'inflation, a-t-il ajouté, pourraient en outre signaler que l'effet temporaire de la faiblesse du taux de change, qui fait grimper les prix des aliments et des vêtements, s'est atténué.

«Je crois que [la Banque du Canada] trouvera une part de justification dans ces chiffres», a affirmé M. Jean.

«Mais je ne crois pas que personne s'inquiétait tout particulièrement d'une disparition de l'inflation - pas dans la dynamique actuelle de l'économie canadienne. Nous nous attendons à une très faible croissance pour le premier trimestre.»

Les données de Statistique Canada sur le produit intérieur brut du premier trimestre seront dévoilées la semaine prochaine.

M. Poloz a déjà prévenu que les chiffres pour cette période pourraient être «atroces» mais il se dit toujours confiant de voir l'économie commencer à rebondir dès le deuxième trimestre.

Par ailleurs, Statistique Canada a publié vendredi les données sur les ventes des détaillants pour le mois de mars, lesquelles ont progressé de 0,7 % par rapport au mois précédent pour s'établir à 42,47 milliards de dollars.

L'inflation en avril pour les principales villes

Statistique Canada a dévoilé vendredi des données pour les principales villes du pays. L'agence fédérale a toutefois prévenu qu'elles ont été tirées de faibles échantillons. (Le mois précédent se trouve entre parenthèses).

• Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador: -0,4 (-0,6)

• Charlottetown-Summerside: -0,9 (-0,6)

• Halifax: 0,5 (0,6)

• Saint-Jean, Nouveau-Brunswick: -0,2 (0,1)

• Québec: 1 (1,5)

• Montréal: 1,4 (1,8)

• Ottawa: 0,6 (1,2)

• Toronto: 1 (1,9)

• Thunder Bay: 0,4 (1,3)

• Winnipeg: 1,1 (1,4)

• Regina: 1,2 (1,3)

• Saskatoon: 1,6 (1,6)

• Edmonton: 0,7 (0,1)

• Calgary: 0,8 (-0,1)

• Vancouver: 0,5 (1)

• Victoria: 0,7 (1)



- La Presse Canadienne