Pierre Karl Péladeau a beau ne plus «être impliqué dans les opérations au jour le jour» de Québecor, l'actionnaire de contrôle de Québecor est consulté «de temps à autre» par la haute direction de l'entreprise.

Selon le président du conseil d'administration Brian Mulroney, c'est le président et chef de la direction de Québecor Pierre Dion qui «exerce un processus de consultation de temps à autre». «Il y a une formule qui nous permet de communiquer avec [M. Péladeau] sur des questions qui relèveraient d'un actionnaire de contrôle», a expliqué Brian Mulroney, jeudi, en marge de l'assemblée annuelle de Québecor.

M. Mulroney explique que ce «processus de consultation» occasionnel est nécessaire du point de vue de l'entreprise, notamment parce que M. Péladeau détient la majorité des droits de vote. «Il faut [consulter de temps à autre M. Péladeau], il est actionnaire de contrôle, dit M. Mulroney. Si le conseil d'administration décide de vendre TVA, de poser un geste dramatique, ce serait approprié qu'il soit consulté parce qu'il serait appelé à voter à l'assemblée annuelle sur la transaction.» M. Mulroney et M. Dion n'ont pas donné davantage de précisions jeudi sur les circonstances menant à une consultation de M. Péladeau, qui est actuellement candidat à la direction du Parti québécois, en plus d'être député de Saint-Jérôme.

Quand il a annoncé sa candidature comme candidat du Parti québécois aux élections de 2014, M. Péladeau a démissionné des différents conseils d'administration de Québecor. Par voie de communiqué, Québecor indiquait alors que M. Péladeau «ne participe plus aux décisions concernant la gestion des affaires courantes et stratégiques de l'entreprise». Pierre Dion a réitéré jeudi que M. Péladeau «n'est pas impliqué dans les opérations au jour le jour de l'entreprise» depuis son élection comme député du Parti québécois. «Je ne me rappelle pas la dernière fois que j'ai eu une rencontre avec Pierre Karl, dit Pierre Dion. Ça fait très longtemps.»

Si M. Péladeau n'était pas présent physiquement jeudi à l'assemblée annuelle de Québecor, il n'en était pas complètement absent non plus. Le président et chef de la direction Pierre Dion lui a aussi rendu hommage lors de son allocution, vantant ses qualités de «gestionnaire visionnaire et transformationnel» (M. Péladeau a été PDG de Québecor de 1999 à 2013). «Je remercie Pierre Karl de nous avoir légué une entreprise tournée vers l'avenir», dit M. Dion.

M. Péladeau a aussi exercé ses droits de vote, notamment pour élire les administrateurs de Québecor.

Entrée en politique

Finalement, la publication jeudi d'un long reportage sur Pierre Karl Péladeau dans le quotidien The Globe and Mail lève le voile sur certains détails sur la nature de la relation entre M. Péladeau et Québecor depuis son entrée en politique.

Au lendemain de son annonce comme candidat du Parti québécois, M. Péladeau s'est présenté aux bureaux de Québecor le lendemain matin vers 7 h 30 pour constater qu'il n'avait plus accès à son bureau au sein de l'entreprise, à son espace de stationnement et à son courriel de Québecor sur son téléphone portable. «Que se passe-t-il?», a-t-il demandé à son adjointe. Selon le Globe and Mail, il a rapidement eu accès à nouveau à son bureau, son stationnement et son courriel. Québecor fait valoir que la transition s'est effectuée avec «courtoisie et respect», précisant que la société de gestion de M. Péladeau loue toujours des bureaux dans l'édifice de Québecor.

L'article du Globe and Mail rappelle aussi un détail moins anecdotique: lors de l'annonce de l'arrivée de M. Péladeau en politique, le 9 mars 2014, Québecor a publié un communiqué de presse précisant que l'entreprise «confirme que, dans l'éventualité où monsieur Péladeau serait élu à l'Assemblée nationale du Québec le 7 avril [2014], ce dernier s'est engagé à mettre en place une fiducie ou un mandat sans droit de regard dans lequel il placerait ses intérêts économiques». Quatorze mois plus tard, M. Péladeau n'a pas mis ses actifs dans une fiducie sans droit de regard. Il s'est toutefois engagé à le faire s'il devient chef du Parti québécois.