La réduction du taux directeur a provoqué une chute vertigineuse de la devise canadienne.

À 9h56, le dollar canadien se situait à 82,87 cents US. À10h17, il s'est retrouvé à 81,38 cents US. Il a poursuivi son plongeon au cours des heures suivantes pour atteindre 80,71 cents US à 12h35.

Le huard s'est très légèrement relevé pour s'établir à 81,07 cents US à la clôture officielle, à 16h. Par rapport à son niveau d'avant l'annonce de la Banque du Canada, il s'agit d'une baisse de 1,80 cent US.

«Nous sommes heureux dans l'une ou l'autre de trois situations: quand le prix de l'énergie est à la baisse, quand le dollar canadien est à la baisse, quand il y a une reprise aux États-Unis, dit Éric Tétrault, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Normalement, quand nous en avons un sur trois, nous sommes contents. Là, nous avons les trois: 2015 sera une bonne année.»

L'augmentation prévue des exportations québécoises aux États-Unis en 2015 est de 15%, selon Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), pourvu que le dollar continue à se situer entre 80 et 85 cents US, que le prix du pétrole demeure en dessous de 65$US le baril et que la reprise se poursuive aux États-Unis.

Par ailleurs, la priorité de MEQ en 2015, c'est la main-d'oeuvre et l'innovation. «Il y a des problèmes qui nous plombent depuis des années. C'est quelque chose qu'il faut regarder quand ça va bien, quand nous avons plus de temps et de moyens», dit Éric Tétrault.

Pas de baisse de taux en vue

Par ailleurs, les économistes des institutions financières canadiennes ne s'entendent pas au sujet de nouvelles baisses du taux directeur.

Paul-André Pinsonnault et Krishen Rangasamy, de Banque Nationale Marchés financiers, croient que la Banque du Canada pourrait procéder à de nouvelles réductions si les prix de l'énergie augmentent moins que prévu. Ils ajoutent toutefois que la banque centrale pourrait attendre de «constater l'effet dopant combiné de la réduction des taux d'intérêt et de la forte dépréciation du dollar canadien» avant d'agir.

Benoît Durocher, de Desjardins, estime que la Banque du Canada devrait surveiller de près la situation financière des ménages. Selon lui, la marge de manoeuvre pour réduire le taux directeur est assez mince, et les autorités monétaires reprendront vraisemblablement une politique de statu quo jusqu'en 2016 au moins.

Michael Gregory, de la Banque de Montréal, et Sébastien Lavoie, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, n'excluent pas de nouvelles réductions, surtout si le prix du pétrole continue de diminuer. «On a clairement ouvert la porte qui donne sur des taux moins élevés», indiquent Peter Buchanan, Nick Exarhos et Avery Shenfeld, de la CIBC.