L'économie canadienne a affiché une vigueur étonnante en octobre, avec une croissance de 0,3%, ce qui risque de forcer plusieurs économistes à réviser à la hausse leurs prévisions pour le dernier trimestre de 2014 - même si ceux-ci préviennent que la prudence sera de mise en 2015 en raison de la chute des prix des matières premières, particulièrement le pétrole.

Le rapport mensuel de Statistique Canada sur le produit intérieur brut (PIB) a fait état d'une croissance généralisée en octobre, qui s'est répandue à plusieurs des grands secteurs de l'économie.

Les secteurs de l'extraction de pétrole et de gaz naturel, de l'extraction minière et de la fabrication se sont particulièrement démarqués, mais leurs gains ont été partiellement contrebalancés par les faiblesses des groupes des services publics et de l'agriculture et de la foresterie.

Les économistes s'attendaient en moyenne à une croissance économique de 0,1% en octobre, pour faire suite à l'appréciation de 0,4% de septembre.

Avery Shenfeld, économiste en chef de la Banque CIBC, a noté que le gain de 0,7% du secteur manufacturier était une contribution inattendue qui fait miroiter une meilleure croissance économique que prévu pour le quatrième trimestre de 2014.

«Même si nous ne croyons pas que la vigueur des ressources va perdurer jusqu'à la nouvelle année, pour l'instant, il est possible que l'économie surpasse notre prévision de croissance de 2,5 pour cent pour le quatrième trimestre», a écrit M. Shenfeld dans une brève note.

D'autres économistes ont aussi indiqué qu'ils étaient plus optimistes pour la dernière portion de 2014 à la lumière de la performance d'octobre. Une des prévisions les plus confiantes est celle de Nick Exarhos, aussi de la CIBC, qui a écrit que «la croissance du quatrième trimestre (semblait) s'enligner pour être près de trois pour cent, soit un demi-point de plus que nous l'avions précédemment prévu».

«Mais les vraies inquiétudes se trouvent dans ce que l'écroulement du pétrole brut signifiera pour l'an prochain», a-t-il écrit.

Un certain nombre de sociétés pétrolières albertaines ont récemment annoncé qu'elles prévoyaient réduire leurs activités et leurs dépenses en immobilisations l'an prochain en raison de la baisse du prix du pétrole, qui se situe près d'un creux de cinq ans. Le cours du baril évolue actuellement en deçà des 56 $ US à New York, tandis qu'il valait un peu plus de 105 $ US au cours de l'été.

Dans son rapport de mardi, Statistique Canada a fait état d'une hausse de 0,4% de la production de biens en octobre par rapport à septembre, tandis que la production des industries de services a avancé de 0,3%

Le secteur de l'extraction de pétrole et de gaz naturel a progressé de 1,5% en octobre, après avoir gagné 3,6% en septembre. L'extraction minière a aussi avancé de 1,5%, les gains de la potasse ayant plus que compensé les reculs du cuivre, du nickel, du plomb et du zinc.

Cependant, les prix de plusieurs matières premières - notamment le pétrole, le cuivre et l'or - ont perdu beaucoup de plumes ces dernières semaines.

Parmi les secteurs qui ont reculé en octobre se trouvait le commerce de gros, qui a cédé 0,2%, tandis que le commerce de détail restait stable par rapport au mois précédent.

L'industrie canadienne des services publics a retraité de 1,8%, la demande pour l'électricité et le gaz naturel ayant diminué, tandis que le secteur de l'agriculture et de la foresterie ont cédé 1,4%, essentiellement en raison d'une diminution de la production.

L'économiste Jonathan Bendiner, de la Banque TD, a noté que les industries productrices de services du Canada avaient bondi en octobre grâce à un gain de 2,6% dans les services éducatifs, ce que Statistique Canada a attribué à un retour à la normale de l'activité à la suite d'un conflit de travail en Colombie-Britannique en septembre.

«Il est prévu que les profits des entreprises diminuent dans la première moitié de 2015, ce qui devrait se traduire par de plus faibles dépenses en immobilisations - particulièrement dans le secteur de l'énergie, a fait valoir M. Bendiner. Cela dit, le secteur canadien des exportations devrait rester vigoureux. Un huard plus faible, jumelé à une vigueur soutenue de la demande aux États-Unis (...) devrait soutenir l'activité manufacturière.»

«Le secteur du tourisme devrait aussi afficher des gains records au cours des deux prochaines années», a estimé l'économiste.